Chez Mercedes, le passé a de l’avenir

W201, W124, W126. Jolie brochette de "Youngtimers"

W201, W124, W126. Jolie brochette de « Youngtimers »

L’automobiliste actuel a de quoi perdre l’envie de rouler, même s’il en a les moyens. Radarisé, plumé, considéré comme un destructeur de la nature, un délinquant, un bouilleur d’enfants, il est devenu en quelques années une espèce à dompter, à normaliser. S’il achète une sportive, il est montré du doigt (trop dangereux !), s’il roule dans une automobile haut-de-gamme, il devient politiquement incorrect (impudique !) en ces temps de crise où certains PDG roulent en Skoda. Et s’il choisit un modèle fonctionnant au sans plomb, il est marginalisé. L’automobile ne devrait-elle que rendre service sans donner la moindre once de sensation ou de plaisir ? Bien sûr que non…

Parfois, les anciennes nous en font voir de toutes les couleurs…

Certains choisissent une nouvelle stratégie et optent sur le tard pour une double vie d’automobiliste : la semaine, la « berline TDI downsizée, 98 grammes de Co2 » leur sert d’outil. Une machine fiable pour se déplacer d’un point A à un point B, mais sans saveur. Le week-end, place au plaisir et à la passion avec une machine rétro, incapable de devenir un piège à permis, et c’est tant mieux, mais fort capable de tomber en panne en traversant la forêt de Fontainebleau par une nuit noire glaciale. Quelques notions de mécanique et un certain bon sens prévalent. Et désormais certains constructeurs sont capable d’épauler efficacement ces automobilistes d’un nouveau genre.

Question de timing : l’une cherche la panne, l’autre sa montre…

Ils sont surtout allemands et ont compris depuis longtemps l’intérêt de préserver les « classics », les « vintage », bref, les anciennes. Patrimoine oblige, et…business oblige. Cette sphère est en pleine ébullution avec l’émanation d’une nouvelle génération, les « youngtimers » (par opposition chronologique aux « oldtimers »), comprenez les autos des années 80-90, relativement peu chères à l’achat et suffisamment fiables et modernes pour les utiliser, pourquoi pas, au quotidien.

En Europe, l’allemagne a plusieurs années d’avance en la matière. BMW et Mercedes, notamment, ont ouvert des « Classic Centers » permettant de faire entretenir ou de faire restaurer, partiellement ou intégralement, n’importe quelle auto de la marque, de la 300 SL portes papillon à la W124 de base. Mercedes a ouvert son centre de Fellbach, près de la maison-mère de Stuttgart, en 1993 ! La plupart des pièces sont encore disponibles ou refabriquées, même à l’unité s’il le faut. En France, le phénomène prend de l’ampleur et donne un nouveau souffle au monde de l’automobile rétro et de la voiture de « collection ».

Toutes les pièces sont disponibles pour les SL R107 et le SLC C107.

Le 5 novembre dernier, Mercedes Paris avait organisé une journée portes ouvertes au Centre Technologique de Réparation et de Carrosserie de Stains (Seine Saint Denis), autrement nommé le CTRC. Un pôle d’excellence qui a ouvert ses ateliers gigantesques (26 000 m2) en 2005. Il permet de centraliser les activités parisiennes du constructeur : mécanique, tôlerie, peinture. Au sein de ce lieu d’exception, un pôle dédié aux Mercedes classiques. Il faut que ça se sache…

Lorsque nous arrivons au CTRC, les amateurs et collectionneurs ont déjà investi les lieux avec leurs machines :  W124, W123, W108, W116, W126, SL « Pagode », R107, R129, des modèles en cours de restauration, en réparation ou totalement restaurées par les soins du CTRC. Selon Olivier Amélineau, du service presse Mercedes, la tendance actuelle s’oriente clairement vers les yougtimers, budget oblige. Même son de cloche lorsque l’on pose la question du devenir de ces autos à Vincent Convain, responsable du magasin pièces détachées au CTRC.

Depuis le milieu des années 90, la généralisation des systèmes électroniques complexes peut compliquer la tâche lors d’une restauration. 

 

Mais pour lui, la plupart des « collectionnables » modernes, c’est-à-dire construites après le milieu des années 90, risquent de poser problème pour les futurs « restaurateurs ». Question d’électronique sophistiquée, de multiplexage. Restaurer une SL actuelle ne sera pas à la portée du premier venu, ni même de l’amateur éclairé. Par exemple, pour remettre en état ce genre de Mercedes dans une vingtaine ou une trentaine d’années, il faudra disposer de l’appareillage électronique, des outils de diagnostic et de « softs » permettant de remettre d’équerre les bugs éventuels. Il reste donc aujourd’hui une marge appréciable dans le choix de nos futures autos de collection. Les générations futures, quand à elles, se tourneront probablement plus volontiers vers des professionnels de la voiture ancienne nouvelle génération, fatalement doués pour l’électronique…

Mercedes, tout comme BMW, voient dans ces autos classiques ou youngtimers une future manne financière appréciable en cette période d’incertitude, permettant également d’entretenir une image parfaitement haut-de-gamme, entre modernité et tradition, entre business et préservation du patrimoine. Chez les constructeurs français, le patrimoine automobile se résume à quelques modèles emblématiques, sortis de temps à autres lors d’une manif. Rien à voir avec les Classic Centers des marques allemandes, véritables centres dédiés à la préservation de nos automobiles rétro. En attendant, pour Mercedes, le passé a de l’avenir, et c’est tant mieux !

4 thoughts on “Chez Mercedes, le passé a de l’avenir

  1. Enfin on pense à nous (mecedes114) mais un seul et unique centre spécialisé dans toute la france !?c est un peu juste…et pourtant voir rouler sur les routes de France des voitures des années 70 : quelle publicité !!!! un petit effort (payant) Mercedes.Le club mercedes :zéro :on y pense qu à aller se promener et à se retrouver au restaurant entre amis fortunés…..db

  2. Qu’il s’agisse d’automobiles anciennes, ou semi-anciennes, il reste facile de trouver aide et conseils pour restaurer et entretenir une automobile attachante, par exemple en s’inscrivant à un forum, tel que le Relais Mercedes-Benz Porsche

  3. Je souscris tout à fait à l’article.
    J’ai acheté ma première MERCEDES neuve à 28 ans en souhaitant la remplacer tous les 20 ans.

    En 2004, constatant que la conscience professionnelle du personnel français laissait à désirer et que la mise en oeuvre de la technologie embarquée allait être source de Pb, … j’ai maintenu en activité quotidienne mon 300TD.
    En 2005, un 280CE (pour le plaisir) & un 230TE (pour épauler mon Diesel) ont rejoint la W111 (220SE/c), plus tard ce fut une 320CE : j’éprouve de très grandes satisfactions à rouler avec elles, quotidiennement & séquentiellement.

    Si les autos ont été régulièrement entretenues, leur fiabilité laisse le temps de monter en compétence.

    En 2008, nous avons construit un site internet dédié à ces MERCEDES-Anciennes polarisé essentiellement sur les aspects « maintenances » (point de blabla ou d’auto-satisfaction).

    Rouler en Youngtimers m’apparait être un comportement respectueux et responsable: que représente 0,5% de CO (1,5% pour la W111) par rapport à une fabrication d’un véhicule neuf ?

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