Renault, entre platitude et flatulence

 

Le nouveau style Renault selon Laurens van Den Acker : costard et baskets.

En mai dernier en Italie, lors du concours d’élégance de la Villa d’Este, le partenaire de l’évènement BMW organisait un débat autour de la question du design automobile, de son avenir, de ses perspectives. Laurens Van Den Acker, Adrian Van Hooydonk et Donato Coco, les directeurs du design respectifs chez Renault, BMW et Lotus, ont tenté d’éclairer quelques Happy few triés sur le volet durant ce « design talk ».

Donato Coco (Lotus) a une idée grosse comme ça…

Même s’il fût très instructif, le débat a juste mis en lumière ce que l’on savait déjà : en premier lieu, nul n’est égal devant l’automobile, car le design coûte cher. Pour caricaturer le propos, les marques Premium telles BMW consacreront statistiquement plus de moyens financiers que Dacia pour développer une carrosserie sensuelle et réussie, il ne s’agit que d’une histoire de tarif client qu’il faut justifier, après tout.

Raymond Loewy : « Yes, je parlou françois. »

Laurens Van Den Acker, indirectement visé par cette reflexion, a vécu quelques secondes de solitude en fixant ses Adidas… Raymond Loewy avait finalement tort. Avec Dacia, la laideur se vend bien, aussi. Le 21e siècle, quelle époque !

Bref, autre point, les références passées ont encore les faveurs des designers, qui puisent allègrement dans l’histoire pour créer de nouveaux modèles. Nous sommes pourtant passés, selon nos intervenants, du néo-rétro facile -sauf pour Mini, bien sûr, incontestable réussite marketing selon le point de vue du constructeur- à quelque chose de nettement plus subtil, où il ne subsiste parfois que des « gimmicks », des petits détails stylistiques qui rappellent à coup sûr un modèle emblématique.

 

Parfois, cette redondance se comprend aisément, fonctionne logiquement. Chez BMW, par exemple, l’air de famille reste incontestable grâce à quelques incontournables : double haricot en guise de calandre, « pli Hofmeister » au niveau de la custode (le fameux retour de tôle qui donne au pilier arrière sa forme bien caractéristique) que l’on retrouve sur tous les modèles de la marque depuis plusieurs dizaines d’années. On citera également Porsche, pour qui la 911 doit servir de base stylistique, y compris pour la Panamera.

BMW 2000 CS, 1965. Wilhelm Hofmeister a créé une ligne très « italienne »…et le pli de custode, signe distinctif BMW.

Cette constance dans le style permet de fidéliser la clientèle, qui retrouve ses repères quelque soit les modèles ou les générations. Apparemment, pas pour Renault. Mais que se passe-t-il chez le constructeur français, ou plutôt que se passait-il, car Laurens Van Den Acker vient d’arriver à la rescousse. Pas de cohérence, pas de ligne directrice, pas de détail historique, un logo embarrassant minimisé, puis maximisé, des ruptures en pagaille, des revers, des virages à 180 degrés…

Le design Renault n’existait plus. Et d’ailleurs, a-t-il jamais existé ? Les Fluence, Latitude et Koleos pâtissent d’un design fade et pataud. Surtout en face des Citroën, simplement remarquables.

La Renault Fluence donne envie de se faire la malle…

Laurens Van Den Acker n’a pas une tâche facile : il doit tout reconstruire. Courageux, il réinvente de nouvelle bases, sans puiser dans l’histoire du design de la marque, et pour cause, elle n’existe pas ! Alors souhaitons que Renault se réveille enfin et puisse nous faire vibrer à travers son nouveau design. Citroën l’a fait. Les berlines aux chevrons ne sont désormais plus des « caisses de retraités ». Alors pourquoi pas…

Laurens Van Den Acker devant sa première création Renault, la DeZir.

 

 

 

One thought on “Renault, entre platitude et flatulence

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