Le groupe Daimler (Mercedes) vient d’annoncer en cette fin novembre l’arrêt de la production des Maybach à partir de 2013. Encore une griffe de prestige abandonnée, faute d’avoir atteint les objectifs initiaux, vendre 1500 voitures par an. C’est la crise, pas de quartier. Le chiffre, très loin d’avoir frôlé ces prévisions depuis la réapparition de ces automobiles de très haut prestige en 2002, tourne en fait autour de…200 unités annuelles. Certes, les marchés principaux se situent hors d’Europe (moyen-Orient, Amérique du Nord), mais la crise s’avère mondiale. Et surtout le concurrent Rolls-Royce prouve qu’il est nettement plus légitime sur ce marché d’exception où le modèle coûte aux alentours de 350 000 euros. En 2010, « RR » a vendu 2711 voitures dans le monde, soit une progression de +170% par rapport à l’année précédente. No comment…
Cette marque ne disparaît donc pas à cause de la crise. Si l’on s’en tient aux caractéristiques intrinsèques de ces mastodontes, rien à dire, ils ressemblent sur le papier à des engins « plus que parfaits ». Hormis plusieurs éléments : le vrai prestige de la griffe, l’héritage confus et désormais trop lointain de la marque et enfin le style.
Maybach est une ancienne marque, morte et resuscitée 60 ans plus tard. Hormis quelques nostalgiques connaisseurs, cette griffe ne véhiculait sûrement pas assez de prestige et de « vécu » face à Rolls-Royce ou Bentley, « still alive » malgré des dizaines d’années sans faste. Grâce aux groupes allemands, les ex-joyaux de la Reine sont restées tant bien que mal dans la course, sans discontinuer.
Il y a quatorze ans (Salon de Tokyo 1997), Mercedes présentait un concept préfigurant presque trait pour trait la future version de série…lancée 5 ans plus tard. Et surtout, ces Maybach 57 et 62 ont été critiquées à raison pour leur style étonnamment fade, proche, beaucoup trop proche du coup de crayon d’une Mercedes Classe S, avec laquelle, d’ailleurs, elles partagent bon nombre d’élements techniques. Le style, que diable, le style !
Chez Rolls-Royce et Bentley, on se frotte sûrement les mains en se confortant dans l’idée qu’une voiture de très haut standing doit avoir un style à nul autre pareil et surtout une histoire cohérente : Maybach out, un concurrent gênant de moins, et une perspective encore plus ambitieuse (10 000 Rolls-Royce par an) avec la croissance du nombre de milliardaires au sein des pays émergents ! Cependant, tout est question de réactivité.
Et là, Mercedes risque de revenir avec une nouvelle idée efficace, quoique sans panache : une nouvelle Mercedes Classe S, proposant quelques versions spéciales (dont un coupé, un phaeton inspiré du concept Ocean Drive, pourquoi pas un shooting break) encore plus luxueuses, plus exclusives, généreusement motorisées et produites à Sindelfingen, comme les Maybach. Les futures Maybach ? Oui, une véritable gamme « à la Maybach », mais avec un logo Mercedes, nuance, et ça changera tout. Retour au concept-car de 1997, orné de l’étoile.
Dieter Zetsche, président du groupe Daimler, vient de l’annoncer : la nouvelle Classe S (commercialisation prévue en 2014) devraient être vendue à plus de 80 000 unités par an. Mais combien de « Super Classe S » ? Parions que les 200 unités annuelles devraient être largement dépassées. La marque Mercedes supplantera-elle Maybach ou Rolls-Royce en termes de prestige ? Probablement sans aucun mal. On ne joue pas avec l’histoire…
Je partage cette analyse, et le fait que la future Classe S s’attaque directement aux Rolls et Bentley n’est qu’un juste retour des choses : dans les années 60, la Mercedes 600 W100 affrontait sans honte les références britanniques, et sut séduire des « people » aussi variés que Herbert von Karajan, Maria Callas ou… Idi Amin Dada.
Sinon, pour l’anecdote, devinez combien de Maybach ont été vendues cette année en France ?
…
… deux (véridique !)
Ach, gross malheur !!
Mais futur collector …
Rendez-vous dans quelques dizaines d’années.