Désormais, plus personne n’envisagerait d’acheter une voiture neuve à son tarif catalogue. Fort de ce constat, les marques prennent généralement les devants et proposent des promotions officielles. Mais attention, toutes ne se valent pas.
Un mal nécessaire ?
C’est durant les années 1980 que les différentes marques automobiles, qui se livraient déjà une guerre sans merci, ont massivement dégainé rabais, coup de pouce pour la reprise de votre ancien véhicule et autres séries spéciales ou limitées. Sur le papier, tout ce qui contribue à faire baisser le prix pour l’automobiliste peut sembler louable mais, ces manoeuvres compliquent de plus en plus la comparaison du rapport prix/équipement entre modèles. En effet, plus question de se contenter de faire une comparaison à partir du tarif officiel, que l’on trouve, par exemple, sur le site Internet de chaque constructeur. Il faut systématiquement se déplacer en concession pour connaitre le véritable tarif auquel vous sera proposé chaque modèle. Car si certaines marques ne se privent pas pour communiquer, à travers les différents types de publicité, sur les offres en cours, d’autres, ne désirant pas écorner leur image avec ces pratiques dévalorisantes pour le produit, ne les dévoilent qu’au travers de leurs conseillers commerciaux.
Et même une fois cette fameuse offre remisée obtenue, comment savoir si elle est acceptable ? Car la règle change pour chaque modèle : 5% de remise sur un modèle X peut être une bonne proposition alors que 10% sur sa rivale Y sera médiocre. Ces packs d’équipements que le vendeur vous propose gratuitement, méritent-ils vraiment le détour ? Et ce financement soi-disant sans concurrence, l’est-il réellement ? Voici quelques astuces qui vous permettront de repérer en quelques instants les réelles opportunités.
Séries spéciales, séries limitées : ne payez pas la déco
Stars des brochures dans les années 1970, 1980 et 1990, ces versions « hors-série » se font plus discrètes depuis, les constructeurs leur préférant les remises brutes, plus faciles à mettre en place car elles ne nécessitent aucun ajustement des chaines de production. Les séries spéciales ou limitées fleurissent toutefois par moment, autant chez les constructeurs généralistes que chez les marques premium, ces dernières tachant généralement de leur donner une touche d’exclusivité (ventes privées, soirées VIP…).
Mais quelle différence entre ces deux types ? La série spéciale est limitée dans le temps. A sa sortie, le constructeur a normalement déjà fixé une date d’arrêt de sa production. La série limitée est, elle, produite à un nombre d’exemplaires déterminé à l’avance. Suivant le modèle et le caractère de cette série (vouée à faire du volume ou à proposer une variante très exclusive), ce nombre va d’une poignée d’unités à plusieurs milliers. Sur le papier, les règles sont donc claires et semblent assurer une certaine rareté à ces séries. Mais, dans les faits, rien n’oblige le constructeur à respecter son engagement initial (qui n’en est d’ailleurs pas un puisqu’aucun contrat, sauf exception, sur cette caractéristique n’est signé avec le client) et si le succès est au rendez-vous, ces séries sont fréquemment renouvelées ou prolongées.
Pour déterminer si une série spéciale/limitée vaut le coût, il va falloir se plonger dans la liste des équipements de série. A partir de la dotation de la version qui lui sert de base, faites la liste de toutes les options qui sont livrées sans supplément sur cette version. Sauf si vous y voyez un intérêt personnel, ne tenez pas compte des éléments de décoration sans réelle valeur (tissu spécifique pour les sièges, stickers sur la carrosserie, inserts décoratifs…). En vous référant au tarif des options, vous pourrez ensuite déterminer la valeur de cette dotation supplémentaire. Il faudra ensuite soustraire de ce montant la différence de prix entre la série spéciale/limitée et la version qui lui sert de base. Vous saurez alors quel est réellement le cadeau que vous fait la marque. Pour une marque généraliste, si ce bonus est inférieur à 5% du prix de la voiture, il est sans intérêt en tant que tel. Il faudra donc que votre commercial vous accorde, en plus, une remise équivalente à celle appliquée sur la version de base pour que vous vous y retrouviez. En revanche, si ce cadeau est supérieur à 10%, l’affaire est bonne. D’autant que ces séries se revendent généralement mieux en occasion.
Remises, reprises, financement : la clé, c’est comparer
Même si les publicités en font moins état qu’il y a quelques années, la remise est un incontournable lorsque l’on achète une voiture neuve. En effet, seuls quelques modèles de prestige et une poignée de nouveautés très demandées peuvent encore se permettre d’être facturés au prix catalogue. Entre deux modèles rivaux, la meilleure affaire n’est pas forcément celle sur laquelle vous obtiendrez la plus grosse remise. Pour savoir si l’offre faite est aussi exceptionnelle que ce que prétend votre vendeur, visitez les sites Internet des principaux mandataires (Aramis Auto, Auto-ies, Elite Auto…) et repérez quelle est leur offre sur le(s) modèle(s) que vous convoitez. Si la proposition faite en concession atteint au moins les deux tiers de celle des mandataires (par exemple, 10% si ces derniers accordent 15%), considérez que l’on vous a fait une bonne offre.
Fréquemment, plutôt qu’une remise pure, les constructeurs préfèrent communiquer sur la revalorisation du montant de reprise de votre actuelle auto, les fameuses « Reprise + X euros ». Pour savoir si le bonus proposé mérite le détour, procédez comme pour une remise. Calculez d’abord la part du prix de la voiture neuve qu’il représente (une « Reprise + 1 000 euros » équivaut à 10% de rabais sur une auto à 10 000 euros) et faites la comparaison avec les offres des mandataires en suivant, là encore, la règle des deux tiers. En complément, il faudra vous assurer que le montant proposé pour la reprise de votre ancienne voiture, hors bonus promotionnel, ne vous fait pas perdre trop d’argent par rapport à une revente en direct à un particulier. Basez-vous sur une côte valable entre particuliers, telle que celle de « La Centrale », de laquelle vous déduirez les frais de remise en état évalués par votre vendeur (rayures, pneus usés…) puis soustrayez 20% (par exemple, pour une côte de 10 500 euros avec 500 euros de frais, vous obtiendrez 8 000 euros). Si l’offre de reprise, toujours hors promotion, est inférieure à cette valeur, considérez que votre commercial n’est pas assez généreux.
Reste le cas, un peu plus épineux, des financements. Dans le cas d’un crédit, c’est plutôt simple : il suffit de comparer les mensualités proposées par votre concessionnaire avec celles d’autres organismes, tels que votre banque, en prenant bien en compte, à chaque fois, les assurances-crédit (perte financière, décès invalidité…). Pour une LOA (Location avec Option d’Achat) ou une LLD (Location Longue Durée), il faudra faire davantage de calcul. Tout d’abord, calculez ce que vous coûtera une telle location au terme du contrat (avant le paiement de l’option d’achat dans le cas d’une LOA). Pour cela, il suffit de multiplier le montant de chaque loyer par le nombre de mois du contrat et d’y ajouter l’éventuel premier loyer majoré. Divisez ensuite la somme obtenue par la valeur neuve de votre nouvelle voiture et multipliez par 100. Vous obtiendrez alors la part du prix de la voiture que vous aurez payé à terme. C’est la donnée clé d’une location puisque ce type de financement revient à financer l’usage d’une auto, et non pas sa valeur. Cette part ne doit pas excéder, pour un kilométrage annuel moyen (10 000 à 15 000 km pour une essence, 15 000 à 25 000 km pour un diesel) 50% pour une LOA ou une LLD de 3 ans, 60% si elle est de 4 ans et 70% pour 5 ans. Si le contrat prévoit l’entretien de la voiture et/ou une extension de garantie, rajoutez respectivement 5 points et 3 point à ces chiffres. Ainsi, pour une LOA ou une LLD de 3 ans avec contrat d’entretien et extension de garantie, la part que vous avez préalablement calculée ne doit pas excéder 58% (50 + 5 + 3) du prix catalogue de l’auto louée.