Axe principal des publicités automobiles, les promotions tentent de nous faire croire qu’elles sont toutes intéressantes. Capables de prendre de nombreuses formes, elles sont pourtant loin de toutes se valoir.
Brouillage de piste
Série spéciale suréquipée d’un côté, remise imbattable de l’autre et, au milieu, des loyers qui veulent rendre la voiture neuve accessible à tous. Au fil des décennies, le panel d’armes fourbi par les services marketing n’a cessé de s’accroitre. Au point qu’aujourd’hui, personne ne songerait à acheter un véhicule neuf au prix auquel il est inscrit dans le tarif officiel du constructeur. Payer sa voiture moins chère a pourtant longtemps été un privilège d’initié. Il fallait, en effet, être fin négociateur et savoir argumenter pour convaincre un vendeur d’accorder un geste commercial. Mais la concurrence a ensuite fait son travail et, depuis plusieurs décennies, presque tous les messages publicitaires des constructeurs automobiles s’accompagnent d’une offre promise immanquable.
Le hic, c’est que le prix véritable auquel il est possible d’acheter un modèle donné est très différent de celui affiché au départ. Ainsi, ces dernières années, la plupart des marques ont aligné leurs prix catalogue les unes sur les autres. Mais, au final, selon la générosité du constructeur et/ou du concessionnaire, la facture pourra différer de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers d’euros. Pas facile, donc de s’y retrouver.
Séries spéciales ou limitées : parfois de la poudre aux yeux
Même si elles se font de plus en plus rares, ces séries qui se distinguent de la gamme habituelle d’un modèle font encore recette chez quelques constructeurs. C’est le cas, par exemple, des Roadtrip chez Peugeot, disponible sur 208, 2008, 3008…, et des Active chez Volkswagen, proposée sur la Golf, le Tiguan… Elles ont pour vocation d’offrir un supplément d’équipement à un tarif plus alléchant que celui que nécessite, en temps normal, les options équivalentes. D’ailleurs, les marques mettent souvent en avant leur « avantage client », c’est-à-dire la réduction qu’elles offrent sur ces dits-équipements. Sauf que, magie du marketing, cet avantage client est souvent gonflé d’un rabais, d’une offre de reprise « Argus + » ou du bonus écologique… voire de deux ou trois d’entre eux à la fois. Sans compter que ces équipements offerts se limitent parfois à de simples décorations. Par exemple, à la fin des années 1980, la fameuse Peugeot 205 Junior ne se distinguait de la XE qui lui servait de base que par sa sellerie en jean, sa moquette bleue et quelques stickers. Mais elle ne se privait alors pas de faire grimper son prix de quelques centaines de francs. Aujourd’hui, Mini est un grand spécialiste de cet « artifice ». Mais le fait d’avoir une présentation spécifique, même payée à prix d’or, semble convenir à la clientèle de la petite anglaise, toujours prompt à se distinguer de la masse.
La distinction entre série spéciale et série limitée est une question de production. La première sera inscrite au tarif durant un laps de temps déterminé. Durant ce dernier, le constructeur accepte toutes les commandes qui lui sont passées. A l’inverse, la série limitée fait l’objet d’une production définie en nombre. Dans l’absolu, cette dernière sera plus recherchée en occasion, surtout si elle est proposée à une occasion spéciale, tel qu’un anniversaire.
Dans tous les cas de figure, s’assurer de l’intérêt financier d’une série spéciale ou limitée est assez fastidieux. Il faut comparer sa liste d’équipements de série à celle de la version qui lui sert de base puis chiffrer le coût des équipements supplémentaires et en déduire le surcoût du prix d’achat. Par exemple, pour une série limitée facturée 1 000 € de plus que la finition qui lui sert de base mais dont le montant des équipements supplémentaires représente 1 600 €, le cadeau n’est que de 600 €. Attention également au montant des remises accordées : il est fréquemment moins élevé sur les séries limitées/spéciales que sur les versions « standard », ce qui rogne un peu plus sur le gain qu’il est permis d’espérer des premières.
Autres types d’offres : sortez la calculette
Hormis les séries spéciales ou limitées, les constructeurs utilisent trois autres « armes » pour vous convaincre de leur générosité : les remises, les reprises survalorisées et les offres de location. Chacune nécessite quelques manipulations mathématiques pour connaitre son intérêt réel.
Les remises pures.
Ce sont les plus simples à décrypter puisqu’elles s’affichent telles quelles dans les publicités. Il suffit de diviser ce rabais par le prix catalogue de la voiture que vous convoitez puis de multiplier le résultat par 100 afin de connaitre le taux de remise qui vous est accordé. Mais attention, un geste de 5 % peut être tout à fait honorable sur un modèle X tandis qu’une offre de 10 % sera miséreuse sur un modèle Y. Pour savoir ce qu’il en est réellement, rendez-vous sur les sites des principaux mandataires (Aramis Auto, Auto-IES, Elite Auto…) et faites une demande de devis pour la même auto. Si la remise de votre concessionnaire atteint au moins les deux tiers de celle d’un mandataire, l’offre du premier mérite le détour (divisez la première par la seconde. Si le résultat est d’au moins 0,66, la première est bonne). Prenez, effectivement, en compte que le réseau officiel vous offrira un niveau de prestations supérieures, lors de la livraison ou en cas de problème, et que cela mérite un petit effort financier.
Les reprises « Argus + ».
Cette astuce est fréquemment utilisée pour ne pas, selon les services marketing des marques, dévaloriser l’auto qui vous est vendue. En effet, en théorie, on ne vous baisse pas son prix. Dans les faits, les coups de pouce du constructeur, auxquels votre concessionnaire participe largement sur le plan financier, sont presque toujours accordés, même si vous ne faites pas reprendre votre ancien véhicule par le concessionnaire. Considérez donc l’offre de valorisation de votre reprise comme une remise pure et vérifiez son intérêt de la même manière que pour cette dernière. En parallèle, si vous faites racheter votre précédente auto lors de cette transaction, vérifiez que le montant que vous en propose votre vendeur n’est pas sous-estimé. Pour cela, faites-en établir sa cote de particulier à particulier sur un site tel que Lacentrale.fr, déduisez-en les frais de remise en état que vous aura chiffré le vendeur puis multiplier le résultat par 0,8. Si l’offre du concessionnaire est au moins égale à cette multiplication, elle mérite le détour. Sinon, préférez vendre votre voiture par vous-même.
Les Locations avec Option d’Achat (LOA) ou Longue Durée (LLD).
Si les marques n’hésitent plus à mettre largement en avant ce type d’offre, en mesurer le réel intérêt est plus complexe. La première étape consiste à savoir ce que vous coûtera ce contrat sur toute sa durée. Pour cela, multipliez le montant du loyer mensuel par le nombre de mois de la location et ajoutez-y l’éventuel premier loyer majoré. Si votre vendeur vous a remis une offre en bonne et due forme, ce coût total doit y apparaitre. Divisez ensuite celui-ci par le prix de la voiture, remise déduite, et multipliez par 100. Vous saurez ainsi quelle part de l’auto vous paierez durant votre LOA ou LLD. Pour un kilométrage annuel dans la moyenne (20 000 à 25 000 km pour un Diesel, 10 000 à 15 000 km pour les autres formes d’énergie), ce résultat doit être, au maximum, de 50 % pour un contrat de 3 ans, de 60 % pour 4 ans et de 70 % pour 5 ans. Si la LOA/LLD prévoit une extension de garantie ou un contrat de maintenance, rajoutez à ces taux 3 points pour la première et 5 points pour le second. Par exemple, pour une LOA/LLD de 4 ans incluant ces deux prestations, le taux que vous aurez obtenu ne doit pas excéder 68 % (60 + 3 + 5). Ultime astuce : malgré les dires de nombreux commerciaux, si votre but est de conserver la voiture au-delà de la durée de contrat de LOA (la LLD ne permet pas cette possibilité), préférez un crédit classique dont le coût sera toujours moins élevé.