Dans les années 1950, les futurologues envisageaient un an 2000 où toutes les voitures voleraient. Un rêve entretenu depuis par nombre de livres et de films de science-fiction. Jusqu’alors, rien de très sérieux. Mais à Genève, Airbus et Italdesign se sont associés pour dévoiler leur vision de la voiture volante. Deviendra-t-elle enfin une réalité ? Rien n’est moins sûr…
Fantômas, Blade Runner, Retour vers le futur, ou encore Le Cinquième élément : la voiture volante est devenue un passage obligé du film de science-fiction, comme symbole ultime de la modernité. Mais si le rêve d’une automobile pouvant s’arracher à la pesanteur est resté bien vivant, les réalisations concrètes n’ont jamais dépassé le stade du modèle de toute petite série, affiché à des tarifs délirants, et plus proche de l’avion que de la voiture. Des joujoux pour milliardaire, en somme.
Cette fois-ci, pourtant, on se prend à y croire ! Au dernier salon de Genève, Italdesign s’est en effet associé avec Airbus, nom prestigieux s’il en est, pour présenter une étude de voiture volante électrique baptisée Pop.Up. Le concept repose sur trois éléments : un châssis pour la propulsion terrestre, un module comprenant quatre paires d’hélices contra-rotatives pour la propulsion aérienne, et un habitacle venant se fixer à l’un ou à l’autre. S’il a envie de quitter le plancher des vaches, le conducteur doit se rendre dans une station où viendra le chercher le module volant, puis l’ensemble assurera alors un pilotage autonome jusqu’à la station de destination, où le véhicule sera à nouveau déposé sur un châssis roulant pour terminer le voyage. Sur le papier, le système semble parfait. Mais le concept est cependant confronté à plusieurs obstacles.
Obstacle d’ordre technique, d’abord. En effet, si le choix de la propulsion électrique est un plus pour limiter les nuisances sonores et la pollution locale (critères importants dans le cadre d’un usage urbain), il pose d’autres problèmes, à commencer par l’autonomie des batteries. C’est l’éternel écueil de la voiture électrique, auquel est également confrontée la voiture volante électrique. Mais avec une intensité plus grande encore, car un aéronef réclame davantage de puissance. Or, pour davantage de puissance, il faut augmenter la taille des batteries, ce qui alourdit l’aéronef… et oblige à rajouter encore davantage de puissance. Un véritable cercle vicieux ! Airbus a d’ailleurs déjà collaboré à un projet d’avion léger 100 % électrique, l’eFan, avant d’y renoncer : l’appareil biplace n’avait qu’une heure d’autonomie en vol, ce qui reste insuffisant, même dans le cadre d’un usage en aéro-club. Avec le Pop.Up se pose aussi le problème du temps de recharge des modules de propulsion terrestre et aérienne, qui risque de réduire la disponibilité du système.
Deuxième obstacle : la confiance. La voiture autonome ne rassure déjà pas vraiment le quidam, comme l’ont déjà montré plusieurs études : ainsi, selon un sondage récemment commandé par Dekra à Opinion Way, 58 % des français ne sont « pas encore prêts à tenter l’expérience » de la voiture autonome, et 26 % « estiment ne pas du tout être prêts » ! Déjà peu enclins à monter dans une voiture autonome, ces gens seront-ils plus enthousiastes à l’idée embarquer dans une voiture volante autonome ? On peut en douter…
Admettons alors que, dans un premier temps, la Pop.Up ne soit pas autonome en vol, mais bien pilotée par un humain. Surgit alors un troisième obstacle : celui de la législation. Au sol, la voiture volante est une voiture, et doit donc répondre aux réglementations afférentes, tandis que son conducteur doit obéir au code de la route. La Préfecture de police s’occupe de veiller au bon respect des règles. Une fois qu’elle a décollé, par contre, la voiture volante devient un aéronef, soumis aux règles édictées par les autorités du contrôle aérien (en France, la DGAC). Et ceux qui l’ont passé vous le diront : le simple Brevet de base (BB) nécessaire pour être « lâché » en solo (sans passager) à bord d’un petit avion réclame un bachotage qui ferait passer le permis de conduire pour une simple formalité ! Quant on connaît la difficulté qu’ont les candidats à passer ce dernier, on mesure que la voiture volante pour tous n’est pas pour demain. Sans parler, bien sûr, des problèmes de congestion et de la réglementation très particulière de l’espace aérien des villes (Paris est ainsi interdit de survol à moins de 2 000 mètres, et seuls les lignes régulières ou militaires ont droit de survol au-delà).
Au final, quel est le vrai objectif de la voiture volante ? Gagner du temps, évidemment. Ou plutôt éviter d’en perdre dans les embouteillages. Or c’est justement le but de la voiture autonome : vous rendre du temps libre en vous permettant de transformer votre auto en extension de votre maison (pour somnoler, regarder la télévision ou téléphoner à vos proches) ou de votre bureau (pour travailler, faire une visioconférence, envoyer des e-mails). Et la voiture autonome apparaît beaucoup plus réaliste et proche de nous que la voiture volante. Mais qui sait, peut-être qu’en l’an 2100…?
Avec toutes les technologies qui existent de nos jours, je ne dis pas que c’est impossible pour une voiture de voler dans les années qui viennent. Il y a bien des drones et les avions, non ? Alors, les autos volantes, j’y crois !
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