Si plus personne ne peut aujourd’hui contester que l’usage du téléphone est incompatible avec la conduite automobile, trop de chauffeurs prennent encore la liberté de passer un appel durant un trajet. Un comportement irresponsable qui peut se payer « cash ».
L’une des principales causes d’accident
En moins de vingt ans, l’usage du téléphone au volant est devenu un véritable fléau. Conduire et téléphoner en même temps multiplie par 3 le risque d’accident.
D’ailleurs, aujourd’hui 10% des accidents de la route sont liés à l’usage d’un portable et, sur autoroute, il est mis en cause dans un accident mortel sur six. Des chiffres qui ont de quoi effrayer et, pourtant, près d’un Français sur deux déclare continuer à utiliser épisodiquement son téléphone lorsqu’il conduit. Pour certains, c’est même pire : ils considèrent leur auto comme la prolongation de leur bureau et il leur semble tout à fait naturel de passer leurs appels au cours de leurs trajets. Une étude récente de la Prévention Routière conclut même que, plus la circulation est dense, plus l’usage du téléphone est courant. Ainsi, dans des conditions de circulations normales, 7% des conducteurs ont été vus utilisant leur téléphone. Au fur et à mesure que le trafic se densifiait, cette proportion est passée à 9% et même jusqu’à 13% lorsque le véhicule est à l’arrêt, au feu ou dans un embouteillage.
Une sophistication nuisible à la conduite
Dès la démocratisation du téléphone portable, de nombreuses études ont été menées pour déterminer quelle était son incidence sur la conduite. Il est maintenant acquis que téléphoner au volant augmente le temps de réaction de 50%. A 50 km/h, cela représente ainsi sept mètres supplémentaires parcourus. C’est beaucoup plus que lors d’une discussion avec un passager ou lorsque l’on écoute la radio. En effet, lorsque l’on téléphone, notre cerveau est largement accaparé par la conversation et se coupe ainsi en grande partie du monde extérieur.
Naturellement, cette « coupure » est encore plus importante lorsque l’on tient le combiné en main ou, pire encore, lorsque l’on utilise une oreillette, notre perception sonore de l’extérieur étant alors altéré. Quant au kit mains libres, il libère physiquement, nos deux mains restant alors sur le volant, mais pas « psychiquement ».
La prolifération des smartphones a aggravé cette situation. Lorsque l’on écrit un SMS ou que l’on consulte ses mails, il ne s’agit alors plus d’être partiellement distrait, mais bien de quitter totalement la route des yeux pendant plusieurs secondes. En moyenne, on parle de 4 secondes pour lire un SMS, ce qui revient à parcourir plusieurs dizaines de mètres en fermant les yeux : comptez 15 mètres en ville, à 50 km/h, soit l’équivalent de presque quatre voitures, et jusqu’à 39 mètres sur autoroute, lorsque l’on roule à 130 km/h. Dans ces conditions, il parait totalement illusoire de réagir à un enfant qui traverse subitement ou au freinage d’urgence de la voiture qui précède.
Des solutions et de la répression
Pour lutter contre ce fléau, de nombreux acteurs sont mobilisés. Les pouvoirs publics ne manquent ainsi pas de lancer régulièrement des campagnes visant à mettre en avant les dangers de l’utilisation du téléphone au volant. Vu les chiffres précédemment évoqués, les résultats ne semblent pas être au rendez-vous. Les fabricants de téléphone et les constructeurs automobiles se lancent donc dans une autre voie, en partie plus contraignante. Il s’agit de « déconnecter » le téléphone du conducteur. En entrant dans la voiture, la voiture se connecte au téléphone via le Bluetooth et réoriente ainsi tous les appels entrants vers la messagerie, sans laisser le téléphone sonner, voire envoie un SMS à l’appelant précisant que la personne qu’il essaie de joindre est en train de conduire. Il n’est ici pas question d’un système de brouillage, interdits en France en dehors des centres pénitentiaires et des salles de spectacle, mais d’une application à télécharger sur son smartphone. L’utilisateur du véhicule n’est donc pas obligé de souscrire à ce service et, surtout, les passagers pourront continuer à utiliser normalement leur portable.
Pour les autorités, les moyens mis en oeuvre pour dissuader les conducteurs de téléphoner sont bien plus coercitifs. Tenir son téléphone en main est ainsi puni d’une amende de 135 € et d’un retrait de trois points du permis de conduire. Cette sanction est applicable que l’on soit en train de passer un appel, que l’on envoie un SMS, que l’on consulte ses mails ou même simplement si l’on consulte l’heure sur son terminal. Depuis le 1er juillet 2015, les mêmes punitions sont prévues en cas d’usage d’une oreillette, y compris si elle est Bluetooth, d’écouteurs ou encore d’un casque. Autrement dit, le seul moyen légal de passer aujourd’hui un appel tout en conduisant est le kit mains-libres. Autorisé, mais pas sans risque, puisque l’augmentation des temps de réaction est la même quelle que soit la méthode utilisée pour téléphoner.
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