Les occasions en provenance d’Allemagne ont mauvaise réputation, principalement parce qu’une astuce légale y permet de « rajeunir » le compteur. Mais, au-delà de ce problème facilement contournable, les bonnes affaires y pullulent. Voici comment en profiter.
Un marché chamboulé
Aller chercher une occasion de l’autre côté du Rhin, cela n’a rien de nouveau pour les amateurs de modèles haut de gamme. En effet, ils sont bien plus nombreux sur ce marché que dans l’Hexagone, ce qui entraine une chute plus rapide des valeurs en occasion. Depuis quelques années, l’Allemagne ressemble également à un paradis pour les acheteurs de voitures diesel. Un phénomène qui remonte au Dieselgate, c’est-à-dire depuis la fin de l’année 2015.
A cette période, les Allemands, à l’âme bien plus écologiste que nous, découvrent que les constructeurs automobiles, le groupe Volkswagen en tête, leur mentent quant aux émissions des véhicules diesel. Jusqu’alors, comme en France, ces derniers avaient une image plus « verte » que les essence, notamment parce que leurs rejets de CO2, à puissance égale, étaient largement inférieurs. Il y a quatre ans, donc, les failles du protocole d’homologation européen, qui permettent aux diesel de consommer très peu sur le papier, sont étalées au grand jour. Logiciels permettant de passer haut la main les tests d’homologation sans sacrifier les performances, dispositifs anti-pollution que ne fonctionnent quasiment que dans les phases de cette même homologation… les astuces des marques sont nombreuses pour continuer à entretenir cette légende.
Si, dans l’Hexagone, le scandale est assez vite retombé, Outre-Rhin, une part importante de l’opinion publique et de la classe politique est outrée. Et les conséquences sont nombreuses. De la difficulté croissante à revendre un diesel, y compris les plus récents, pourtant largement dépollués, à la volonté de la plupart des grandes villes d’en interdire l’accès, il y a de quoi inquiéter bon nombre de conducteurs. Résultat, sur le marché de la seconde main, les valeurs des diesel s’écroulent, parfois de 30% en quelques mois. On comprend alors l’intérêt de porter notre attention sur ce qui se passe chez nos voisins.
Des démarches simplifiées
Si l’Union Européenne n’a pas encore tenu toutes ses promesses en matière de simplification des démarches, force est de reconnaitre, qu’en matière de véhicules d’occasion, le dossier est très avancé. Le seul écueil de taille est la langue. Mais une large majorité des vendeurs allemands parlent anglais. Et si vous vous adressez à un concessionnaire situé près de la frontière avec notre pays, il y a de fortes chances que vous trouviez au moins un interlocuteur parlant français.
Première étape, consultez sur Internet les annonces des véhicules qui vous intéressent. Oubliez les particuliers et les professionnels indépendants : en vous adressant à un concessionnaire, vous serez certain d’éviter le principal écueil de ce marché : les compteurs kilométriques « rajeunis ». De plus, vous pouvez leur faire confiance quant à l’état du véhicule, révisé et remis à neuf avant la livraison, ce qui vous évitera d’effectuer deux voyages, le premier pour « expertiser » l’auto, le second pour la récupérer. Naturellement, comme en France, vous devrez vous assurer que l’entretien a bien été effectué par le(s) précédent(s) propriétaire(s). Un vendeur sûr de son fait n’hésitera pas à vous envoyer par mail des copies du carnet d’entretien.
Pour repartir avec la voiture, vous devrez, évidemment, au préalable la payer. Sachez, qu’en Allemagne, il est tout à fait possible d’effectuer ce paiement en liquide. Mais nous vous conseillons plutôt d’opter pour un virement bancaire, ce qui vous évitera de parcourir plusieurs centaines de kilomètres avec plusieurs milliers d’euros dans la poche. Le concessionnaire vous établira des plaques de transit temporaires pour que vous puissiez prendre la route (comptez 150 à 250 euros suivant les Lander) et apposera les plaques correspondantes sur l’auto. Pensez à vous munir de la carte verte d’assurance valide car il devra impérativement vérifier que l’auto est assurée avant de vous laisser repartir, la législation allemande l’impose. De votre côté, vous devrez exiger la remise de la facture d’achat, de la carte grise allemande, du rapport de contrôle technique si la voiture a plus de 4 ans et, éventuellement, du certificat d’homologation. Le vendeur est en droit de vous faire payer ce document (150 à 300 euros selon les marques) mais vous pouvez également, pour la même somme, le demander auprès de l’importateur de la marque concernée dans l’Hexagone.
Une fois de retour en France, il faudra vous rendre au Centre des impôts afin d’obtenir un quitus fiscal. Si l’auto vous a été vendu hors-taxes en Allemagne (mention Netto sur la facture), ce qui est le plus souvent le cas, il faudra pour cela vous acquitter des 20% de TVA française. Dans le cas contraire, vous n’aurez rien à payer. Une fois ce document en poche, vous n’aurez plus qu’à faire une demande de carte grise française et de faire installer les plaques définitives sur votre nouvelle acquisition. Attention, si votre auto émet plus de 110 g/km de CO2 selon la norme NEDC (ou 137 g/km selon la norme WLTP pour les voitures immatriculées à partir du 1er mars 2020), vous devrez, en plus du tarif de la carte grise, payer le malus écologique correspondant à celui d’une voiture neuve, minoré de 10% pour chaque année entamée (-10% pour une voiture âgée de moins de 12 mois, -20% pour une voiture âgé de 12 à 23 mois…).
Des économies à la pelle
Pour couvrir les frais de ce voyage, il n’est évidemment pas question de s’orienter vers des modèles trop bons marchés : les économies réalisées ne vaudraient pas la chandelle. Considérez qu’un achat 3 000 euros moins coûteux qu’en France mérite le détour, il vous laissera au moins 2 000 euros de gain net une fois tous les frais déduits. Cela exclut quasiment de facto les citadines. Ainsi, en Allemagne, une Peugeot 208 1.2 PureTech 110 ch Allure 3p. vaut, en moyenne, 9 500 euros, contre 10 900 euros en France.
Dès que l’on grimpe en gamme, en revanche, il est très facile de faire un « bon coup ». Par exemple, une Volkswagen Golf 1.6 TDI 115 ch Trendline Business 5p. de 2019 avec 23 000 km s’affiche à 16 900 euros (21 200 euros en France), une Audi A3 Sportback 1.5 TFSI COD 150 ch Sport S-Tronic de 2018 avec 28 000 km à 20 500 euros (25 800 euros en France), une Mercedes A 200 d Inspiration de 2017 avec 36 800 km à 15 700 euros (20 700 euros en France)…
Plus vos envies et votre budget vous permettront de monter en gamme, plus l’écart de prix sera conséquent. Voici quelques exemples qui vont vous décider définitivement à regarder chez nos voisins avant d’acquérir votre nouvelle occasion.
- Alfa Romeo Giulia 2.2 Diesel 150 ch de 2017 avec 50 000 km à 17 000 euros (20 200 euros en France)
- Audi A4 Avant 40 TDI S-Line S-Tronic de 2019 avec 10 km à 33 400 euros (45 400 euros en France)
- Audi A6 Avant 3.0 TDI 218 ch S-Line S-Tronic de 2017 avec 73 300 km à 23 800 euros (30 100 euros en France)
- Audi A8 55 TFSI Quattro de 2019 avec 7 800 km à 59 900 euros (90 300 euros en France pour une Avus)
- Audi Q7 3.0 TDI 272 ch de 2017 avec 23 200 km à 50 000 euros (54 500 euros en France pour un Ambition Luxe)
- BMW X1 sDrive20i Advantage Auto. de 2019 avec 8 900 km à 28 600 euros (37 700 euros en France pour un Lounge)
- BMW 320i Touring Sport Line Auto. de 2019 avec 17 500 km à 25 800 euros (33 500 euros en France pour une Sport Ultimate)
- BMW X5 xDrive30d M Sport de 2019 avec 16 000 km à 67 000 euros (75 900 euros en France)
- BMW 740i de 2017 avec 80 000 km à 37 000 euros (49 000 euros en France pour une Exclusive)
- Mercedes C 220 BlueTec Break de 2016 avec 99 800 km à 15 400 euros (19 100 euros en France)
- Mercedes S 350 d de 2018 avec 10 200 km à 57 700 euros (68 900 euros en France pour une Fascination)
- Peugeot 3008 1.2 PureTech 130 Access de 2018 avec 8 000 km à 19 000 euros (24 700 euros en France)
- Renault Koleos 2.0 dCi 190 ch Initiale Paris 4WD X-Tronic de 2019 avec 100 km à 35 000 euros (42 400 euros en France)
- VW Tiguan 1.5 TSI 150 de 2019 avec 10 km à 20 300 euros (30 900 euros en France pour un Confortline)
- VW Passat SW 2.0 TDI 150 ch Confortline de 2018 avec 54 600 km à 18 000 euros (21 800 euros en France)
Article intéressant. Quid pour les très haut de gamme tels que Porsche ? Un cayenne diesel est nettement moins cher aussi ?
En Allemagne, diminuer le kilométrage affiché par le compteur kilométrique du tableau de bord d’un véhicule a toujours été assimilé à un vol !
Si vous désirez une occasion chez un concessionnaire VAG (Audi, Seat, Škoda, VW), celui-ci vous montrera sur l’écran de son P.C. l’historique de cette voiture (reprend tout ce qui composait la voiture lorsqu’il a quitté la chaîne de montage et tout ce qui a été fait sur ce véhicule dans le réseau VAG n’importe où dans le monde (entretiens, modifications, réparations avec les différentes dates) et si vous achetez cette voiture il vous imprimera dans la langue de votre choix (parmi 16 langues) cet historique.
En Allemagne, lorsque l’on doit pour problème technique remplacer un compteur kilométrique et qu’on le remplace par un compteur d’occasion indiquant un kilométrage plus élevé que le kilométrage réel de la voiture dans lequel on le place, c’est tout-à-fait légal (comme en France) d’ajuster le kilométrage à la réalité du kilométrage du véhicule dans lequel il est place.
L approvisionnement en Allemagne est désormais beaucoup moins intéressant sur les véhicules de sport et luxe, avec un malus a Calculer sur la nouvelle base maximum de 20000€…Même avec une décote de 10%, ça fait vite cher.
Sachant qu à la revente en France, les véhicules de provenance étrangère Sont moins recherchés et donc décotent…
Je ne me vois pas acheter une voiture de 20.000 € mini, sans faire appel à expert dépêché sur place afin d’être sûr de l’état du véhicule, surtout pour une voiture de sport.
Il me semble qu’à partir de là, avec la barrière de la langue, tout peut devenir compliqué : comment expliquer à nos amis allemands qu’un expert va arriver (si tant est qu’il se déplace) pour les vérifications d’usage ?
Acheter en Allemagne me parait être réservé aux frontaliers ….
Bonjour,
En plus du quitus fiscal à récupérer au service des impôts , il faut fournir un certificat de conformité !
Ce document n’est pas gratuit et peut être commander sur http://www.euro-conformite.com ou http://www.moncoc.fr
Parfois il n’est pas possible d’avoir un certificat de conformité et donc il faudra faire un RTI à la DREAL.
Pour résumé , il n’est pas très avantageux dans certains cas d’importer une voiture.