Après avoir évoqué la Chrysler à turbine dans le premier volet de cette série de billets, j’ai eu envie d’aborder le cas de Lancia, marque italienne mythique s’il en est, qui a connu toute une série de hauts et de bas. Si Lancia ne commercialise plus aujourd’hui que des Chrysler rebadgées ou des « Fiat en smoking », la marque possède un prestigieux passé d’innovation. Le modèle le plus emblématique de ce savoir-faire reste la Lancia Lambda : il y a 90 ans, cette auto inventa la voiture telle qu’on la connaît aujourd’hui, avec sa coque autoportante et ses suspensions avant indépendantes.
On peut dresser un parallèle entre Vincenzo Lancia et Louis Renault : tous deux cadets d’une famille aisée et nombreuse, ils négligent leurs rébarbatives études au profit de leur dévorante passion pour la mécanique. Renault construit sa première auto fin 1898, Lancia moins d’un an plus tard. Tous deux partagent également un sens inné de l’innovation. À leur manière, ils révolutionneront l’automobile. Mais il existe une nuance de taille : Vincenzo Lancia n’avait pas peur de risquer sa vie dans la compétition automobile. Chez Fiat, il travaille à la mise au point des nouveaux modèles avant d’offrir à Fiat sa première victoire en course, en 1902. Quatre ans plus tard, il crée la marque qui porte son nom.
C’est sans doute cette proximité d’esprit avec l’univers de la compétition qui vaut à Vincenzo Lancia de s’interroger sur la technologie alors en vogue au niveau des trains roulants. À cette époque, les constructeurs automobiles séparent carrosserie et châssis, qui ne sont réunis qu’à l’ultime stade de l’assemblage. Dans le haut de gamme, on se contente même de fournir au client un moteur monté sur un châssis, laissant le soin à l’acheteur de faire habiller sa voiture chez le carrossier de son choix. Le problème, c’est que la rigidité de l’ensemble est imparfaite, et que le châssis séparé alourdit l’auto tout en rehaussant le centre de gravité. Pas bon pour le comportement routier, tout ça.
Si l’on en croit la légende, rapportée ici par mon talentueux et regretté confrère Gilles Bonnafous, Vincenzo Lancia eut l’idée de la coque autoportante lors d’une promenade en bateau : la rigidité de la coque du navire l’avait impressionné ! Il conçoit donc une plateforme regroupant toute la partie inférieure de la carrosserie. La rigidité de l’ensemble est assurée au centre par le tunnel de transmission (une nouveauté), à l’avant par le tablier et à l’arrière par le coffre à capote. Le reste de la carrosserie est riveté directement à la plateforme, tout comme les trains roulants et le moteur.
L’étude de la voiture est réalisée en un temps record, et la Lancia Lambda est présentée officiellement au salon de Paris en 1922. Sa coque autoportante n’est pas sa seule nouveauté : elle inaugure des suspensions avant indépendantes et adopte un inédit moteur V4 à ouverture très étroite (13°). Au total, la Lambda fait l’objet de sept dépôts de brevets.
Commercialisée de 1923 à 1931, elle évoluera tout au long de sa carrière et remportera un vif succès commercial (13 000 exemplaires). Et même si cette grosse voiture n’était pas destinée à la compétition, ses qualités routières très au-dessus du lot encourageront Lancia à l’engager aux Mille Milles en 1927 et 1928.
À l’heure où la Lancia est ballottée dans les remous d’une fusion contre nature entre Fiat et Chrysler, il est bon de se remémorer que la marque a connu un passé riche en matière d’innovation et qu’elle ne doit pas confondre embourgeoisement et banalisation.
Merci professeur
Prochaine leçon, comment ne pas licencier des milliers de salariés, avec par exemple et hasard, actuellement Lancia
Oui c’est extrêmement regrettable que les actuels dirigents de Fiat/Lancia ont jeté tout cet héritage aux orties. Comble de tout ils utilisent les noms des modèles célèbres pour vendre ces Chryslers rebadgés.
Jamais ils ont compris que V. Lancia ne faisait pas des voitures de luxe. Ils faisait des voitures bien faites, avec des solutions d’avantgarde, sobrement habillé, sans ostentation, mais d’un gout sûr. Cela faisait des Lancia des voitures élégants et performants qui n’avaient rien a prouver.
J’aurais préféré que Fiat eut tiré un trait sous la marque et qu’elle soit enterré avec les honneurs qui conviennent. Viva Lancia !
Comme Bastiaan, je suis triste de voir qu’une marque aussi prestigieuse, soit associée dans des stratégies commerciales qui, heureusement ne trompent pas les connaisseurs ….Ce n’est pas avec un nouveau logo, et des titres ronflants qu’on peut transformer des charrettes en carrosses, Mr Vicenzo Lancia, doit se retourner dans sa tombe ! ! ! ! Honte aux dirigeants de Fiat, ils n’ont toujours pas compris, qu’un amateur de voitures LANCIA, n’achètera pas d’erzatz….. Où sont nos fringantes Delta, Stratos, D24,Aurélia, Astura,Flaminia,Flavia,Fluvia,Thema et l’emblématique Lamda, sans oublier celle qui permis, à la scudéria Ferrari , de remporter le titre en F1, en 1956 (dérivé de la D 20)…….Une marque qui est encore aujourd’hui détentrice du nombre de titre mondiaux en rallye, ne mérite pas le traitement qu’on lui inflige actuellement……………Heureusement, je me console, avec ma collection de ces prestigieuses voitures au 1/43°……………………Merci Mr Lancia vous avez été toujours copié mais jamais égalé………..UN INCONDITIONNEL DE CETTE FIRME……………….
Merci du soutien Filio, quand a moi je me console avec les Flavia et Flaminia coupé au 1/1. Cependant la marque vit, il y a comme vous nombre d’amoureux, il y a des réfabrications de joints et des pièces de carrosserie introuvables chez classic-parechocs.fr et cinq clubs rien qu’en france !
J’entends votre nostalgie mais vous êtes complètement hors-sujet en 2012, vous faites passer l’image de marque avant l’emploi de milliers de salariés et leurs familles
La priorité dans est de multiplier les modèles pour un investissement minime
Quand les finances seront revenues il sera toujours temps de sortir des belles autos…
Je ne crois pas être hors sujet. L’emploi de milliers de familles a souffert quand Fiat c’est mis en tête de faire des voitures de luxe avec Lancia. Dans les années ’80 la marque se vendait très bien elle était encore associé a un certain sportivité. (souvenez vous la Delta intégrale) C’est sur le placement du marché et le marketing de la marque qu’ils se sont totalement planté ses derniers 20 ans. Et ils refont actuellement la même chose. Lancia n’a aucun image de marque, demandez dans la rue a un quidam quel est l’image de marque de Lancia, ils vous repondront de ne pas connaitre la marque et ses modèles. La multiplication des modèles coute très cher, je ne vois pas en quoi cette stratégie assainira les finances du group Fiat. Ils aurait mieux fait, et je me répète de mettre un point final a Lancia et de vendre des Chrysler sous le nom de Chrysler.
Eh non, il n’y a aucune chance de sauver le moindre emploi en mettant en vente des véhicules médiocres ne répondant pas à une demande des clients. On peut tout au plus retarder la liquidatio de quelque mois.
Il est possible aujourd’hui de vendre un nom historique en le posant sur un produit banal et rationalisé, mais dans ce cas, il faut faire fabriquer totalement le produit en Asie… à défaut de charme ou de plaisir, on y gagne au moins la fiabilité !