La voiture autonome, capable de rouler sans intervention de son conducteur, est le nouveau Graal des constructeurs, qui rivalisent d’imagination pour montrer leur avance technologique en la matière. Audi a frappé fort lors de la dernière manche du championnat DTM, à Hockenheim, en faisant rouler une RS7 Sportback sans pilote jusqu’à 240 km/h. Exploit révolutionnaire ou inutile ?
Imaginez un peu la scène. Fin octobre, sur le circuit de Hockenheim, la foule des grands jours est rassemblée pour assister à la finale du championnat allemand de supertourisme, le DTM. Les plus grands pilotes sont là : Mike Rockenfeller, tenant du titre, mais aussi Timo Scheider, Paul di Resta, Matthias Ekström, Gary Paffett ou le français Adrien Tambay. Dans les tribunes, 155 000 spectateurs s’entassent, hot-dog dans une main, gobelet de bière dans l’autre.
Et là, sous des yeux incrédules, une Audi RS7 Sportback s’élance sur la piste. Sans personne à bord. Celui qui « tient » le volant et dirige ce bolide de 560 ch est un volumineux ordinateur installé dans le coffre, et couplé à toute une batterie de capteurs, radars et caméras. Dans une séquence digne du film « Terminator », cet envoyé automobile de SkyNet dévore la piste, effectuant des pointes à près de 240 km/h, et signant un chrono de 2 minutes. Dans les rangs des ingénieurs Audi, joie et fierté. Dans ceux des pilotes, on sent un léger malaise. Le public, lui, est perplexe.
Si la marque aux Anneaux aura été la première à chercher le chrono sur un circuit avec une voiture autonome, elle avait été devancée sur l’asphalte d’une piste par BMW qui, lors d’une autre séquence d’anthologie, avait montré une M235i se livrant à une séance de « drift » sans conducteur.
De la com’ à bon compte. Car, soyons clairs : faire évoluer une voiture autonome dans l’environnement contrôlé d’un circuit est comparativement facile. Il n’y a qu’un seul sens de circulation, le tracé de la piste est connu au millimètre près, et on n’y trouvera pas d’autre véhicule, encore moins de vélo, de piéton, ou de carrefours complexes avec moult stops et feux rouges.
Car c’est bien là que se trouve la véritable difficulté : s’adapter à l’imprévu, aux autres usagers de la route, pouvoir se positionner correctement sur la chaussée suivant la direction que l’on veut prendre. Ne pas s’engager dans un carrefour ou sur un passage à niveau sans être certain de pouvoir aussitôt en ressortir. Comprendre les gestes d’un cycliste indiquant du bras vouloir tourner à gauche. Savoir contourner une zone de travaux délimitée par des cônes de signalisation. Un terrain d’aventures bien plus complexe où d’autres entreprises, comme Mercedes ou Google, ont déjà fourni la preuve leur savoir-faire. Pas (encore) Audi.
La marque aux Anneaux pourra au moins se consoler avec ses victoires : à Hockenheim, Audi a ravi les trois premières places du classement, décrochant au passage le titre constructeurs 2014. Avec des pilotes 100% humains.
Bonjour,
C’est prevu pour quand les courses de voitures autonomes ?
Ma question peut faire rire ou sembler ironique mais elle est serieuse, ils ont bien des moteurs hybrides en F1 et ils existent beaucoup de courses de voitures electriques maintenant. Alors pourquoi ne pas tester la technologie de la voiture autonome en competition, l’algorythme de decision pour effectuer un depassement devrait etre interessant non ?
On organise bien des combats de robots (https://www.youtube.com/watch?v=UuB3PyjHQFE), donc pourquoi pas ? 🙂 Après, l’intérêt de la compétition auto n’est-il pas dans l’affrontement de personnalités fortes ? Hunt contre Lauda, Senna contre Prost, Hamilton contre Rosberg ? Si c’est juste pour voir des voitures autonomes tourner en rond, c’est moins drôle quand même !