Les essais presse de la Porsche Panamera Diesel ont eu lieu ces jours-ci, et même si je n’ai pas eu la chance (?) d’en prendre le volant, j’ai eu l’occasion de discuter avec ceux de mes confrères qui ont essayé la bête. Et, pour une fois, il n’y a pas eu débat : nos conclusions se rejoignaient sur le thème du « mais qu’ont-ils donc été faire dans cette galère ? » De mon point de vue, en effet, rien ne justifie cette nouvelle version de la gamme Porsche, qui risque de faire (encore) un peu plus de mal à une image de marque déjà bousculée.
La conversion du Cayenne au diesel m’avait laissé indifférent, car le gros couple de ce genre de motorisation sied bien à un massif SUV, quelque soit sa marque. Mais sur la Panamera, j’avoue ma perplexité. Qu’est-ce qui pourrait motiver un client à s’offrir cette « berline sportive mazoutée » ? Ne me parlez pas de rejets de CO2 : la Panamera S Hybrid en émet moins que la Diesel (167 g/km contre 172 à monte pneumatique identique). L’économie de carburant ? Une bien curieuse considération pour l’acheteur d’un véhicule facturé près de 82 000 €… hors les nombreuses options. Non, vraiment, si quelqu’un pouvait éclairer ma lanterne, j’aimerais bien.
Il est vrai que notre utilisation de l’automobile est de plus en plus schizophrène. Le conducteur de ce début de siècle doit composer avec un trafic parfois apocalyptique, des limitations de vitesse appliquées d’une façon de plus en plus tatillonne, et des considérations environnementales que même le moins écolo des automobilistes ne saurait ignorer. En gros, la voiture idéale du citadin moderne ressemble fort à… une Toyota Prius. D’un autre côté, lorsque ce conducteur se retrouve au hasard de ses pérégrinations sur l’une de ces sublimes routes que l’on a l’habitude de voir dans les pages des magazines spécialisés, il a l’envie bien compréhensible de se faire plaisir. Pour ce qui ne représente peut-être que 1% de son kilométrage annuel, sa Prius doit alors se transformer en Ferrari 458. Pas facile !
Voilà pourquoi une Panamera S Hybrid fait incomparablement plus de sens qu’une Diesel. Dans la vie quotidienne, c’est une hybride, avec tout ce que cela signifie en termes de sobriété, de douceur de fonctionnement, mais aussi d’agrément (580 Nm de couple à 1 000 tr/min !). Mais pour le reste, pour ce 1% de routes-plaisir, la Panamera hybride reste avant tout une Porsche essence, avec un moteur prenant 6500 tr/min, une boîte à commande séquentielle… et des performances flatteuses (25,9 s au 1 000 m départ arrêté). Le propriétaire de la version Diesel devra quant à lui se contenter d’une zone rouge à 4 600 tr/min et de chronos honorables, mais moins flamboyants (27,3 s pour le kilomètre D.A.). Sans parler du côté désagréable de faire le plein de ce gazole qui macule et « parfume » les mains.
Bref, l’hybride chez Porsche, d’accord : la 918 nous a fait saliver, quant à la 911 GT3 R Hybrid, elle a montré l’intérêt de la technologie en compétition automobile. Mais le diesel, franchement, pourquoi faire ?
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