Tout le monde participe à la chasse aux émissions de CO2. Tout le monde… même Ferrari ! Malgré une production totale qui n’aura pas dépassé les 7 200 voitures l’an dernier, la marque de Maranello se sent obligée de donner des gages en matière « d’écocompatibilité ». On peut penser qu’avec des ventes aussi modestes, l’impact en matière de CO2 de toutes les Ferrari depuis les origines apparaîtra modeste en comparaison des émissions générées par une seule génération de citadine d’un grand constructeur généraliste, ou à fortiori par une grande compagnie aérienne. Mais il n’empêche : si Ferrari veut survivre, la marque doit se plier aux exigences de la société moderne. Ce qui ne va pas forcément à l’encontre des performances et de l’exclusivité, comme le démontrera la remplaçante de la Ferrari Enzo, qui sera une hybride de feu !
Pendant très longtemps, chez Ferrari, on se moquait des émissions de CO2 et de la consommation comme de son premier jeu de pneus. Mais les pressions politiques étaient trop fortes, et les ingénieurs de Maranello ont dû se résoudre à se pencher sur ces problèmes plébéiens, en adoptant un système start/stop (le HELE) et l’injection directe d’essence. Au salon de Genève 2010, Ferrari présentait même une « voiture laboratoire » : une 599 verte – à tous les sens du terme ! – dotée d’une propulsion hybride réduisant émissions et consommation de 30 à 35%.
Sur le plan technique, l’innovation principale réside alors dans l’architecture particulière de l’auto (moteur avant, boîte transaxle) et l’implantation des batteries dans le plancher. À l’époque, Ferrari se garde bien d’évoquer les performances de l’engin : il s’agit encore d’un prototype de développement, et la marque tâtonne un peu.
Deux ans plus tard, la technologie a mûri… et la clientèle aussi. Le succès commercial de la Porsche 918 Spyder, pourtant facturée la bagatelle de 775 000 €, n’est pas passé inaperçu chez Ferrari. Les amateurs de supercars sont désormais prêts à signer un chèque chargé de zéros pour peu qu’on leur vende un produit aussi performant que high-tech. La firme de Maranello a donc fait évoluer son système hybride HY-KERS : sa dernière variante a été dévoilée au salon de Shanghaï et – surprise ! – le groupe motopropulseur ainsi équipé est un V12 prévu pour une installation en position centrale arrière !
Un V12 en position centrale, voilà une implantation mécanique caractéristique des supercars Ferrari depuis la F50 et l’Enzo. Le message est clair : la remplaçante de la Ferrari Enzo, qui devrait arriver l’an prochain, sera la première hybride de l’histoire de la marque !
Rassurons tout de suite ceux qui imaginent déjà qu’il s’agira d’une Toyota Prius repeinte en rouge et dotée de logos Ferrari : la future Enzo aura beau afficher des émissions de CO2 inférieures de 40 % à celles d’un modèle à propulsion classique (le système HY-KERS a encore été optimisé), elle restera une sportive superlative. Si l’on en croit les dernières rumeurs, elle héritera du V12 6,3 litres de la F12berlinetta, mais boosté à environ 800 ch. Puissance à laquelle il convient d’ajouter encore environ 115 chevaux générés par le moteur électrique boulonné à l’arrière de la boîte de vitesses !
Soit un total de plus de 900 ch, qui pourront tous être lâchés d’un coup par simple pression sur un bouton « push to pass » situé sur le volant… dans le plus pur style Formule 1 ! Mais la future Enzo devrait également pouvoir évoluer en mode 100% électrique sur quelques kilomètres, afin de s’aventurer en ville au nez et à la barbe des écologistes les plus féroces. Le tarif ? Il devrait atteindre le millions d’euros…