Elle était très attendue, elle n’a pas déçu : la McLaren P1 présentée au Mondial de l’Automobile a ému les foules. Mais sur le coup, la firme de Woking s’est montrée très discrète quant aux caractéristiques techniques de celle qui aura la lourde mission de succéder dans le cœur des fans à la légendaire McLaren F1. Mais certaines langues commencent à se délier, et le programme de cette nouvelle « hypercar » s’annonce alléchant !
La course à la puissance semble sans fin. Pensez donc que la Lamborghini Miura, première « vraie » supercar, affichait 350 chevaux en 1966. Vingt ans plus tard, la Ferrari F40 revendiquait 478 « cavalli », avant d’être rapidement écrasée par la McLaren F1 et ses 627 « horses ». Désormais, la Bugatti Veyron représente le mètre-étalon de la puissance pure, avec les 1 200 chevaux de sa version Super Sport, et elle pourrait même repousser encore ses limites avec une possible version affichant… 1 600 chevaux !
Chez McLaren, l’approche est différente : on s’intéresse moins à la vitesse pure qu’à l’efficacité. Ainsi, la McLaren P1 devrait elle rester (de peu !) sous la barre des mille chevaux. Mais elle s’annonce imbattable sur le plan des « g » latéraux et des chronos sur un circuit donné. Car la P1 est toute entière tournée vers la performance. Y compris sur le plan du style.
Le designer Frank Stephenson le reconnaît d’ailleurs lui-même : la carrosserie de la McLaren P1 est un pur objet mécanique, dont les formes ont été dictées par l’aérodynamique. De façon très inhabituelle, la P1 a d’ailleurs été conçue de l’extérieur vers l’intérieur : c’est le groupe motopropulseur qui a été adapté pour se glisser dans la carrosserie, et non l’inverse. La carrosserie, entièrement réalisée en fibre de carbone, se compose par ailleurs de seulement cinq panneaux : les deux portes, le capot arrière, la coque avant et le couvercle de coffre. À l’arrière, un énorme aileron piloté fait également office d’aérofrein. Son action sur l’appui aérodynamique est également complétée par celle de volets situés à l’avant. La McLaren P1 est 80 mm plus longue et 40 mm plus large que la 12C, ce qui en fait une grosse voiture si on la compare à sa devancière la F1 : la P1 mesurera 4,59 mètres de long, quand sa devancière restait sous la barre des 4,30 mètres.
La McLaren P1 reprendra le V8 3,8 litres biturbo de la 12C, mais dans une version largement retravaillée : sa puissance passera de 625 à environ 780 ch. Mais la P1 disposera également d’un système hybride inspiré du KERS utilisé en Formule 1. Ce système récupérera l’énergie cinétique dissipée lors des freinages afin de la stocker dans une batterie. Le conducteur pourra alors bénéficier à la demande d’un boost momentané de puissance (fonction « push to pass »), l’énergie stockée étant restituée par un moteur électrique dont la puissance, encore inconnue, devrait atteindre 120 à 160 chevaux. Au total, la McLaren P1 disposerait donc d’au moins 900 chevaux ! McLaren ayant par ailleurs annoncé un rapports poids/puissance de 600 ch par tonne, on en déduit que la P1 pèsera au maximum 1 500 kilos… à comparer aux 1 700 kilos de la Porsche 918 Spyder.
Le moteur a par ailleurs été installé encore plus bas que dans la 12C, où il est pourtant déjà implanté au ras des pâquerettes. Il a d’ailleurs fallu modifier les profilés du châssis afin de laisser passer le collecteur d’échappement. Ce dernier est réalisé en titane, et isolé de la fragile coque en carbone par… de la feuille d’or. La F1 utilisait déjà ce matériaux très coûteux pour son isolation thermique : McLaren avait à l’époque commandé ces feuilles d’or directement à la Nasa. Il se murmure d’ailleurs qu’il en restait un stock, et que la P1 vient à point nommer pour l’écluser !
Comme la 12C, la McLaren P1 offrira trois modes de conduite. Le premier est destiné à l’usage routier général, avec des suspensions réglées et un aileron rétracté. Le deuxième, plus sportif, raffermit l’amortissement et laisse l’aileron s’ériger de 12 cm. Enfin, le troisième mode rabaisse la suspension et sort complètement l’aileron, qui surplombe alors la carrosserie de 30 cm. Dans cette configuration, la McLaren P1 pourra générer plus de 600 kilos d’appui aérodynamique.
En attendant les premières livraisons, qui devraient avoir lien dans un an, la P1 poursuit actuellement sa phase de mise au point. Cinq prototypes roulants ont d’ores et déjà été construits. Gageons que McLaren va se livrer à l’habituelle et interminable séquence de teasing avant la révélation de la version définitive au salon de Genève, en mars prochain…