Le GPS à l’ancienne, c’est fini ! La cartographie de demain ne sera pas sur DVD, même pas sur disque dur, elle sera dans le « cloud ». Surtout, elle ne se contentera pas de vous indiquer les rues, les stations-service ou les restaurants du Guide Michelin : les systèmes de navigation du futur vous signaleront en temps réel les dangers de la route, les fermetures d’axes ou encore les places de stationnement disponibles.
Votre voiture a un GPS intégré ? Il y a de bonnes chances qu’il soit déjà dépassé ! Cartographie plus à jour, information trafic lacunaire (voire erronée), base de donnée de points d’intérêts (POI) limitée, recherche peu aisée : les GPS embarqués ont un train de retard. Surtout vis à vis des applications sur smartphone, comme Waze, Google Maps ou Apple Plans, nativement connectées, disposant d’une reconnaissance vocale et en permanence à jour.
Les constructeurs en sont bien conscients, et travaillent à rattraper leur retard technologique. Avec un atout numéro un : la connectivité croissante de nos voitures. En effet, à partir d’avril 2018, tous les véhicules neufs commercialisés en Europe devront être équipés de la technologie eCall. Celle-ci permet à l’auto d’appeler automatiquement les secours en cas d’accident. Pour que cela fonctionne, le véhicule doit être doté d’une connexion GSM et d’une carte SIM. Les constructeurs ont donc de cette liaison 3G/4G pour déployer une gamme de services associés (conciergerie, infotrafic, météo…). Les plus téméraires osent même faire des mises à jour de la cartographie par ce biais (les spécialistes disent « OTA », pour « over the air »).
Mais ce n’est qu’un début. Une nouvelle ère de la cartographie a débuté, avec un leader très clair : Here. Cette société, autrefois connue sous le nom de Navteq, est historiquement spécialisée dans la cartographie numérique. Elle a été rachetée à Nokia par un consortium regroupant Audi, BMW et Daimler. Leur objectif : faire de Here un cloud cartographique ouvert et alimenté en permanence par le terrain. Here combine en effet des cartes haute définition, à la résolution centimétrique, avec des informations en temps réel issues de voitures, de téléphones mobiles, de partenaires du secteur de la logistique ou encore des infrastructures. Au total, Here agrège déjà les flux en provenance de 80 000 sources.
Mais ce chiffre va continuer d’augmenter, l’idée étant d’exploiter les informations recueillies par les capteurs d’autos lambda. Vous êtes au ralenti dans un embouteillage ? Votre voiture en informera Here. L’ESP de la voiture devant vous s’est déclenché à cause d’une plaque de verglas ? Vous en serez informé par l’intermédiaire de Here. Une limitation de vitesse temporaire a été instaurée ? Le système de lecture des panneaux s’en rendra compte et la signalera à Here. Encore plus fort : en circulation en ville, les capteurs à ultrasons du système d’aide au stationnement « scanneront » en temps réel les côtés du véhicule afin d’identifier les places de stationnement disponibles. Here sera ainsi capable de donner une estimation du temps nécessaire pour trouver une place dans le quartier !
Car c’est l’atout majeur d’une solution constructeur par rapport aux applications sur smartphone : l’accès aux capteurs du véhicule. Plus précis, plus robustes, ils offrent des informations inaccessibles à des systèmes tiers. Pour les marques, c’est un moyen de reprendre la main face aux nouveaux géants de l’économie numérique, Google en tête. Car les constructeurs détiennent les clés des données véhicule… ainsi qu’aux habitudes de conduite du propriétaire. Potentiellement une mine d’or pour d’éventuels annonceurs et/ou partenaires ! Big Brother ne vous regarde plus, il vous conduit…