Salon de Munich : le futur des salons de l’automobile ?

Voilà presque deux ans qu’aucun salon automobile majeur n’a eu lieu sur le Vieux Continent. Après le flop de l’édition 2019 du salon de Francfort, l’annulation des salons de Genève 2020 et 2021, ainsi que celle de Paris 2020, c’est au tour de Munich de relever le défi. Une première qui cache de nombreuses nouveautés. Seront-elles adoptées par les autres manifestations de ce type ?

Le salon automobile : un concept dépassé ?

Depuis plusieurs années, les salons européens sont en parte de vitesse. En 2018, le Mondial de l’automobile de Paris dépassait péniblement le million de visiteurs, après un record à 1 460 803 entrées en 2004, Genève 2019 affichait une baisse du nombre de visiteurs de 9% par rapport à 2018 et Francfort enlevait le titre peu envié de « plus beau gadin » en 2019, avec 560 000 curieux, contre 810 000 en 2017, soit une chute de 31% d’une édition à l’autre. C’est d’ailleurs ce désamour qui a décidé les organisateurs de l’IAA (Internationale Automobil-Austellung, exposition automobile internationale) à changer de ville, préférant désormais Munich. Ajoutez à cela la pandémie de Covid-19 qui a conduit à l’annulation de deux salons de Genève (2020 et 2021) et d’un Mondial de l’automobile (2020), et vous comprendrez que le futur de ces expositions XXL parait, du moins sur notre continent, bien sombre.

Cela parait évident : les visiteurs sont prêts à s’acquitter d’un billet au coût élevé (18 € pour le Mondial de l’automobile 2018, 13 € pour Francfort 2019 et 16 CHF, soit environ 14 €, pour Genève 2019) s’ils sont certains de s’offrir une part de rêve pendant une journée. Mais les constructeurs, officiellement rebutés par le coût élevé de ce type d’évènement (25 millions d’euros pour BMW à Francfort en 2017), renoncent à être présents. Ford et Volvo ont ouvert le bal, suivis par de nombreux autres. Ainsi, l’ensemble du groupe Stellantis (Alfa Romeo, Citroën, DS Automobiles, Fiat, Opel, Peugeot…) a annoncé qu’il ne ferait pas le déplacement en Allemagne le mois prochain. Autre hic, les marques présentes, poussées par les autorités, ont tendance à mettre (trop ?) l’accent sur les voitures « propres ». Certes, ce type de modèles représente l’avenir du secteur, mais il ne fait pas vraiment rêver les amateurs de « bagnoles ». De plus, les nouveautés sont souvent dévoilées plusieurs jours, voire plusieurs semaines en amont, ce qui n’incite pas les visiteurs à se déplacer pour des autos que la presse, papier ou en ligne, a déjà largement détaillées. Enfin, les constructeurs privilégient désormais des évènements digitaux, à la fois beaucoup moins coûteux et capables d’attirer des internautes du monde entier.

Pour convaincre, l’édition 2021 du salon de Munich a donc opté pour une formule revue en profondeur. Formule qui devrait être adoptée, si elle se révèle concluante, par d’autres organisateurs, notamment ceux du Mondial de l’automobile 2022. Le salon français avait d’ailleurs déjà engagé sa mue forcée, suite à la défection de marques majeures.

Côté salon

Même si plusieurs marques majeures bouderont le salon de Munich, les nouveautés en matière d’automobile seront nombreuses. A ce jour, plus d’une douzaine de constructeurs ont confirmé leur venue. En ce qui concerne les Allemands, ils seront tous là… ou presque. Stellantis a, en effet, décidé de bouder cet évènement. Il n’y aura donc pas de stand Opel à l’IAA. BMW, qui vient en voisin (le siège du groupe est installé à quelques kilomètres seulement du centre des expositions de Munich), fera feu de tout bois : Série 2 Coupé, Série 4 Gran Coupé, i4, X3 et X4 restylés ainsi que iX ont d’ores et déjà été confirmés. Les futurs Série 2 Active Tourer et X1 pourraient également montrer le bout de leur calandre, éventuellement sous la forme de concept-cars. De quoi compenser l’absence de réelle nouveauté chez la marque sœur, MINI. Comme toujours lors d’un salon allemand, la guerre du premium fera rage avec, chez Audi, pas moins de trois concept-cars, baptisés Skysphere, Grandsphere et Urbansphere, ainsi que les nouvelles RS 3 et la version restylée de l’A8. Enfin, Mercedes viendra avec l’EQE, l’EQB, la Classe S S-Guard, la Classe C All-Terrain, le concept EQT, la version AMG de l’EQS, la première AMG hybride (probablement la C 63) et un concept-car Maybach. Il se murmure que la version de série de l’AMG One et de la nouvelle SL pourraient également être de la partie.

Chez Volkswagen, seuls les labels made in Germany seront présents. Outre Audi, on ne verra donc que Volkswagen. Pour assurer le show, la marque n°1 en Europe devrait venir avec les Taigo et Multivan T7, mais également avec l’ID.5, version « coupé » de l’ID.4. Terminons avec Ford pour qui ce salon devrait être l’occasion d’introniser la cinquième génération de Mondeo, ainsi que les versions restylées des Fiesta et Focus.

Chez les Français, Renault sera le seul représentant, à moins qu’Alpine ne crée la surprise en dernière minute. Le Losange a d’ores et déjà officialisé la présentation de la Mégane E-Tech, 100% électrique, à cette occasion. Le Kadjar II devra donc sans doute attendre quelques semaines supplémentaires avant de se montrer. La cousine Dacia sera également de la partie avec le successeur du Lodgy, qui pourrait conserver ce nom, annoncé comme « un véhicule 7 places familial et ultra-polyvalent ». Il faut sans doute comprendre qu’il s’agira d’un SUV.

Chez les marques asiatiques, on trouvera Genesis (qui fera ici son entrée sur le marché européen avec la G70 Shooting Brake), Honda (nouveaux HR-V et Civic), Hyundai (son nouveau Staria sera un rival du VW Multivan) et Toyota (avec la version de série du concept bZ4X dévoilé à Shangaï).

Un salon très ouvert

Dans la plupart des cas, les salons automobiles se concentrent généralement sur l’un des parcs des expositions de la ville qui les accueille. Dans la foulée du Mondial de l’automobile 2018, Munich 2021 prend toutefois le parti de s’ouvrir sur la ville, sans doute pour intéresser des habitants de la ville qui n’avaient pas prévu de se rendre à ce salon. Par exemple, des véhicules autonomes seront exposés sur la Brienner Strasse, en plein centre-ville. Plusieurs places de Munich accueilleront également des stands. Pour certains constructeurs, ce sera même leur seul lieu d’exposition. Autre innovation, la Blue Lane, un circuit long de 12 km qui reliera le parc des expositions et le centre-ville. Uniquement utilisé par des voitures « propres », cet axe permettra aux visiteurs de se faire conduire vers les attractions extérieures puis de retourner sur le salon lui-même, le tout gratuitement, bien évidemment. Pour intéresser les plus jeunes, les organisateurs ont également mis en place le Kids World, sur la Marstallplatz, également située dans l’hyper-centre. S’y trouvera une « école de conduite », un mur d’escalade et des activités éducatives.

L’ouverture se fera également en matière de produits puisque, en plus des automobiles, Munich 2021 sera l’occasion pour des fabricants d’utilitaires légers et de véhicules à deux ou trois roues d’exposer leurs produits. Sans oublier les équipementiers, incontournables sur ce genre d’évènement.

En parallèle des activités et expositions destinées au grand public, l’IAA Mobility sera également un lieu de rencontre majeure pour les professionnels. Une partie de ces derniers sera également accessibles à tous au travers de conférence qui auront lieu durant les journées publiques, du 7 au 12 septembre.

Bien plus qu’un simple salon de l’automobile, l’IAA Mobility veut donc se consacrer à tout ce qui roule et pèse, au maximum, 3.5 tonnes. Pour le grand public, ce sera donc l’occasion de découvrir les nouveautés de nombreux constructeurs, mais également d’en savoir plus sur les modes de circulation douces, le futur de l’automobile dans les villes, les innovations qui arriveront prochainement… En incluant l’ensemble de la métropole munichoise plutôt que simplement les visiteurs payants et en multipliant les thématiques, ce salon est certainement annonciateur des prochains évènements européens (Genève et Paris en 2022, même si l’on imagine mal la capitale française ouvrir largement ses artères à une fête de l’automobile, même propre)… à condition qu’il se révèle être un succès. Dans le cas contraire, il pourrait bien signer le début de la fin pour ce type d’évènement sur le Vieux Continent.

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