L’annonce est passée relativement inaperçue dans cette rentrée automobile bien chargée en actualité. Elle n’est pourtant pas aussi anodine qu’il n’y paraît ! Bentley a annoncé ces jours-ci une nomination importante : Rolf Frech a été embauché comme patron de l’ingénierie de la marque britannique. Vous n’avez jamais entendu parler de ce monsieur ? Normal : il fait partie de ces hommes qui restent dans l’ombre, mais qui n’en ont pas moins une importance capitale. Rolf Frech a ainsi dirigé pendant 10 ans le service conception des véhicules de Porsche !
Frech rejoint ainsi son ancien patron, Wolfgang Dürheimer, qui préside aux destinées de Bentley depuis le début de l’année, après avoir bossé chez Porsche pendant de longues années. Et si Dürheimer a choisi de débaucher son ami Frech, ce n’est pas seulement pour le plaisir de partager une pinte de bière au pub du coin en parlant de la mère-patrie. Car avec Rolf Frech, Bentley hérite d’un savoir-faire qui lui manquait cruellement.
Non, rassurez-vous : les Bentley ne vont pas se convertir au look 911 et à l’architecture « tout à l’arrière » ! Mais la marque anglaise compte bien suivre l’exemple de Porsche dans (au moins) trois domaines :
- Le rendement des mécaniques. Même si la nouvelle Continental GT a légèrement progressé dans ce domaine, elle reste pénalisée par des émissions de CO2 élevées, même au regard de sa puissance. Elle rejette ainsi 384 g/km de CO2 pour une puissance de 575 ch, alors que la 911 GT2 RS ci-dessus se contente de 284 g/km pour 620 ch. Depuis plusieurs années, Porsche a travaillé dur à tous les niveaux pour tirer le maximum de puissance de la moindre goutte de carburant : boîte PDK, injection directe, hybridation… et même diesel. Il y a fort à parier que ces technologies se retrouveront chez Bentley dans les prochaines années.
- L’allègement. Même dans sa version « ultralight » Supersports, l’ancienne Continental GT dépassait les 2,2 tonnes à vide ! La faute à une plateforme en plomb massif héritée de la Volkswagen Phaeton, et qui continue de handicaper le modèle actuel. Avec la dernière génération de 911, allégée de 45 kilos par rapport à sa devancière malgré des cotes en hausse, les ingénieurs Porsche ont prouvé leur habileté en matière de régime Weight Watchers. Vu comme les Anglais partent de loin en la matière, Rolf Frech a du pain sur la planche ! Attendez-vous à voir des aciers allégés, de l’aluminium et même de la fibre de carbone sur les Bentley du futur.
- L’expérience du SUV. Dürheimer le reconnaît ouvertement : il y aura un 4X4 de luxe Bentley. Durant ses dix années chez Porsche, Frech a activement contribué à la mise au point des deux générations de Cayenne. Il connaît donc bien le véhicule, qui servira de base à ce futur modèle de la gamme Bentley.
Accessoirement, cette prise de pouvoir des « Porsche » chez Bentley scelle l’alliance entre la firme de Zuffenhausen et sa nouvelle maison-mère Volkswagen. Mais si cela nous permet d’obtenir au final un savoureux mélange entre la sportivité allemande et le style et l’élégance britannique, on ne viendra pas se plaindre !
On espère qu’ils n’augmenteront pas les affreux porte à faux avant qui défigurent les Porsche depuis 20 ans et sont bien moches sur ces Bentley qui ressemblent à de grosses Norev ou Dinky Toys en plomb.
… et Porsche va se « Lagondiser » vue la suite des Panamera a venir…
LM.