Il y a quelques mois, je vous expliquais la stratégie de BMW autour du carbone. Je pensais et écrivais alors qu’à mon humble avis, la coûteuse technologie de cette fibre ultrarigide et très légère resterait l’apanage des constructeurs premium, seuls légitimes à vendre des modèles tout-carbone à un prix élevé. Il s’avère que j’avais tout faux ! En effet, c’est tout simplement le constructeur le plus historiquement grand public, Ford, qui a annoncé vouloir développer le carbone à grande échelle sur ses modèles futurs. Une vraie révolution, qui ferait des PRFC (plastiques renforcés à la fibre de carbone) un produit de grande consommation !
Jusqu’alors, pour avoir du carbone sur une Ford, il fallait commander une Mustang Shelby GT500. Et encore, seuls quelques appendices aérodynamiques et de décoration étaient réalisés dans ce matériau léger, la structure restant en acier. Mais tout ceci va changer : le géant américain a annoncé s’être associé avec la multinationale de la chimie Dow Chemicals pour trouver un moyen d’abaisser le coût de mise en œuvre de la fibre de carbone.
L’enjeu est de taille : comme tous les constructeurs, Ford doit constamment réduire les émissions de CO2 de ses véhicules, ce qui passe par l’amélioration des motorisations, l’adoption de propulsions alternatives (hybrides ou électriques), mais également par l’allègement des autos. Un allègement qui permet par ailleurs de compenser le poids supplémentaire des motorisations électriques ou hybrides (batteries, alterno-démarreurs, faisceaux haute tension…). L’objectif de l’accord Ford-Dow est de parvenir à une réduction drastique du poids des futurs véhicules du groupe, avec une baisse pouvant atteindre… 340 kilos !
Reste une question : comment rendre les PRFC plus accessibles ? D’abord grâce à une production de masse. Ensuite, en réduisant les exigences en termes de qualité. En effet, le carbone actuellement utilisé en compétition ou sur les véhicules haut de gamme est le top du top, que ce soit en matière de rigidité ou d’apparence. Pagani va même jusqu’à faire en sorte que l’axe des fibres soit aligné d’une pièce de carrosserie à l’autre ! Mais pour une voiture destinée au grand public, les exigences sont moindres : pas besoin d’un châssis aussi rigide que celui d’une voiture de course, pas besoin non plus d’une fibre d’allure parfaite, vu qu’elle sera recouverte de peinture.
Ensuite, les PRFC ne concerneront pas tous les modèles d’un coup : l’effort sera d’abord concentré sur les autos qui ont le plus besoin d’allègement, à savoir les voitures électriques et hybrides, alourdies par leur système de propulsion. Enfin, pas question non plus de concevoir dans l’immédiat des coques 100% carbone : pour des raisons de coût, les PRFC ne concerneront d’abord qu’une partie des pièces.
Fort bien me direz vous, mais ces Ford au carbone, c’est pour quand ? D’ici à la fin de cette décennie, si tout va bien !
Quid des possibilités de réparation de ces pièces en carbone ?
Ping : Ford avance dans ses recherches sur le carbone sur le blog Motorlegend Motorshift