Hybride aux 24 Heures : vous n’avez encore rien vu !

L'hybride, l'avenir de l'endurance © Vincent Desmonts

L’hybride, l’avenir de l’endurance © Vincent Desmonts

Pour sa première apparition aux 24 Heures du Mans, la technologie hybride a décroché un doublé. Elle était il est vrai surtout portée par la puissance financière et le talent d’Audi. Malchanceux, Toyota n’aura pas concrétisé ses espoirs de victoire. Mais de toutes manières, tout ceci n’est que le commencement : l’Automobile Club de l’Ouest, organisateur de l’épreuve, a en effet annoncé qu’en 2014, tous les protos LMP1 engagés par des constructeurs devront être dotés d’une propulsion hybride. Une vraie révolution !

Avec quatre voitures engagées, dont deux à propulsion hybride, une incontestable expérience des 24 Heures, des hommes de talent et un budget colossal, Audi est donc une nouvelle fois entré dans l’Histoire des 24 Heures en remportant une onzième victoire frappée du sceau de l’innovation technologique, avec les prototypes R18 e-tron quattro. Avec leurs moteurs électriques montés sur le train avant, ces bolides bénéficiaient de quatre roues motrices (seulement à partir de 120 km/h), ce qui les rendaient plus faciles à piloter dans les conditions d’adhérence précaires qui ont marqué le début de la course. Très sobres, les R18 hybrides étaient en outre capables de boucler 12 tours du circuit de la Sarthe avec un plein. Une réussite intégrale sur le plan technique, donc.

L'Audi R18 e-tron quattro victorieuse de Fässler/Lotterer/Tréluyer © Vincent Desmonts

L’Audi R18 e-tron quattro victorieuse de Fässler/Lotterer/Tréluyer © Vincent Desmonts

En face, les Toyota TS030 n’ont pas démérité, se montrant particulièrement rapides en vitesse de pointe et tournant dans des temps comparables à ceux des Audi. Mais leur consommation plus élevée (8 tours en moyenne avec un plein) et une course mouvementée ont ruiné tous les espoirs du constructeur japonais.

Le terrible accident d'Anthony Davidson © Vincent Desmonts

Le terrible accident d’Anthony Davidson © Vincent Desmonts

Mais Audi et Toyota ne comptent pas en rester là. Les deux marques savent que la propulsion hybride sera un enjeu commercial de toute première importance au cours des dix prochaines années, et connaissent bien l’impact en termes d’image d’une victoire dans la plus célèbre course d’endurance au monde. Si Toyota bénéficie d’une renommée bien établie en la matière, grâce à l’antériorité de sa Prius, le constructeur nippon sait qu’une concurrence acharnée se profile, et qu’il va falloir conserver ces acquis. Audi, de son côté, lance l’offensive hybride en compétition en même temps qu’une gamme de modèles hybrides débarquent dans les showrooms.

Toyota reviendra au Mans l'an prochain ! © Vincent Desmonts

Toyota reviendra au Mans l’an prochain ! © Vincent Desmonts

En 2014, ces deux marques seront rejointes par un troisième larron, qui lui aussi veut communiquer sur la technologie hybride : Porsche. La firme de Zuffenhausen lancera alors sa spectaculaire 918 Spyder, et le retour au Mans avec une technologie similaire ne donnera que plus d’impact à cette sportive affichée plus de 700 000 €…

Porsche 918 Spyder Concept (2010)

Porsche 918 Spyder Concept (2010)

En collaboration avec les divers constructeurs participants, l’ACO a donc adopté un règlement 2014 qui entérine le statut des protos LMP1 hybrides. Principale évolution : un bridage de la consommation et une diminution des réservoirs, aboutissant à une réduction de la consommation qui pourra atteindre 32 %. Pour compenser, les protos LMP1 gagneront 50 à 70 kilos sur la balance. Dans deux ans, une toute nouvelle race de protos débarquera donc au Mans : plus légers, plus efficients, plus sûrs, un peu plus compacts. L’édition 2014 sera à n’en point douter passionnante, tant pour la course que pour les amateurs de technologie !

24 Heures du Mans © Vincent Desmonts

24 Heures du Mans © Vincent Desmonts

14 thoughts on “Hybride aux 24 Heures : vous n’avez encore rien vu !

    • Bonjour,

      J’avais déjà évoqué les différentes technologies des deux concurrents dans un précédent billet.

      Par contre, je serais curieux de savoir dans quel contexte sont utilisés les supercondensateurs dans la production de série ?

  1. Très intéressant mais une question :
    pourquoi l’utilisation du dispositif hybrid a été limité à 7 zones ?
    Pour des raisons de sécurité ou parce qu’il ne pourrait pas fonctionner plus souvent ?
    Et pourquoi >120 km/h pour audi ?

    • @Florent Baud
      Ce sont des questions de règlement, afin de ne pas (trop) favoriser les protos hybrides.

      Les 7 zones en question sont celles où la récupération d’énergie est autorisée. En revanche, l’éventuel boost de puissance peut être utilisé n’importe où.

      Les 120 km/h pour Audi sont dictés par le règlement également : c’est obligatoire lorsque la restitution de l’énergie se fait sur les roues avant, afin de ne pas trop avantager les protos « 4 roues motrices » en sortie de courbe.

  2. Les supercondensateurs sont utilisés dans les systèmes Stop&Start chez plusieurs constructeurs. L’énergie du freinage est récupérée dans les supercondensateurs, le moteur s’arrête dès que la voiture est à l’arrêt avec levier de vitesse au point mort pour économiser du carburant.
    Le supercondensateur sert ensuite à alimenter l’alterno-démarreur pour redémarrer rapidement, sans bruit et sans vibrations.

  3. Pourquoi fait on courrir des hybride turbo (audi) et des essence hybride (toyota) si ces dérnières en avaient été équipées elles aurait été loin devant.On voulait favoriser les grands constructeurs mais le diesel,va etre un probleme a l’avenir.

  4. L’A.C.O. avait déjà modifié le tracé pour être sur de faire gagner les « poêles à mazout » qui puent (et qui tuent), pour faire gagner les hybrides, ils n’ont plus qu’à le re-modifier. Moi qui ai connu les 24 H des années 60, je trouve que c’est vraiment devenu une course inintéressante !!!!

  5. Salut,

    Pas calé en technologie…..récupération d’énergie……kers……..Hybride……diesel…….Mais quand j’entends passer les Audi …………………………………..le long silence tranquille……………………..Ne pourrait on combiner évolution technologique et plaisir des oreilles !

    Les 24 h du Mans……………..du silence……………c’est pour quand ?

  6. De très belles 24 heures, une belle course GTE AM, mais là n’est pas le sujet, L’HYBRIDE, génial, l’enjeu, enfin un renouveau sur la conso le poids, l’énergie dépensée sur 1 tour, les cartes sont ou doivent être redistribuées avec du bonheur pour les spectateurs. un point sur la Delta WIND, plus qu’intéressant, un signal, comme les freins à disques dans les années 5O avec JAGUAR….
    La course aux technologies !!!
    L’essence revient compétitive (Toyota est passé devant à la régulière aux 24 h) Rébelion est là depuis plusieurs années avec un moteur Toyota, ils finissent 4eme ….
    Honda fini 1 er en P2 et 13 moteurs Nissan EN LMP2, Porsche revient en 2014, je vous dis que du bonheur et rapprochez vous des fascines, les prochaines 24 heures vont être mémorables, dommage que Peugeot…

  7. C’est la fin des écuries privées en LMP1 . L’endurance va devenir une sorte de F1 , aseptisée , politiquement correct , et qui va permettre à certains de se remplir les poches . L’humain est désormais battu en brêche par l’ordinateur .
    Je retourne à mes carbus .

  8. Le nouveau règlement du mans est encore trop timide et donc….en retard sur la vitesse d’évolution du marché automobile (ce qui était à la base de la création des 24 heures).

    Depuis 20 ans tout a été fait pour maintenir la vitesse de pointe autour de 350 Kmh.

    Avec l’arrivée de l’hybride, puis de l’électrique, il serait plus opportun de « descendre » à 200Kmh et un poids maxi de 500 Kg. On atteindrait alors des temps avoisinant les 4 mn et une consommation d’énergie très différente pour un coût recherche plus accessible à beaucoup de constructeurs.

    Le circuit est-il trop long, occasionnant, à 200kmh une raréfaction des passages devant les stand? Pourtant nos ancêtres spectateurs des années 50 s’en accomodaient bien eux!!

    Que la Chine ou l’Inde créent une épreuve d’endurance plus en accord avec les besoins technologiques, économiques (et accessoirement écologiques) actuels et nous verrons que l’ACO révisera rapidement sa copie de règlement.

  9. Article intéressant,belle synthèse des événements. Mais que vont devenir les artisans indépendants,
    comme Henri Pescarolo ,face à cet escalade des coûts ? L’endurance(comme la F.1)devient le
    terrain de chasse des grands groupes industriels.
    Rançon du progrès,sans doute,qui efface,année après année,l’esprit « chevaleresque » propre aux
    « sixties »et suivantes …

  10. Que des hybrides en 2014 en LMP1 ? Oui, OK, c’est la technologie de futur….bravo pour l’environnement !
    Dommage pour les Rébellion, Pesca et autres………Les moins nantis devront ils se « rabattre » sur la LMP2 ?
    Ceci dit, bravo AUDI, mais sans concurrence, quand même (car on peut croire que les Toyota, même sans accident) n’auraient pas su battre l’hégémonie des allemands (qui ont la mainmise sur Le Mans depuis les années 70: Porsche, BMW, Mercédès, Audi, Bentley (une fausse Audi)

    • @Pascal : Que des hybrides pour les constructeurs. Les autres écuries (qui n’ont de toutes manières pas les moyens d’investir dans cette coûteuse techno) pourront se contenter de protos LMP1 normaux… au risque de se faire exploser côté perfs (ce qui, soit dit en passant, ne changera rien par rapport à l’époque du diesel tout-puissant).

      Mais il est vrai qu’il faudrait se poser la question de l’organisation des catégories LMP, afin de donner aux « petites » écuries une chance de monter sur un podium !

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