Pour la plupart des gens, un pneu c’est juste rond, noir, et ça coûte cher quand il faut le remplacer. Une image vieillotte que les manufacturiers combattent à l’aide de budgets recherche et développement élyséens. Résultat : si les pneus restent ronds et noirs, leur technologie est plus évoluée que jamais. Désormais ultra-polyvalents et plus endurants, ils seront demain capables de communiquer avec votre voiture, voire de modifier leurs sculptures en fonction de la route !
La plupart des conducteurs n’y prêtent guère d’attention, mais les pneumatiques réalisent pourtant de véritables miracles au quotidien, en utilisant quatre surfaces de contact de la taille d’une carte postale pour assurer la tenue de route de nos autos, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, par -10 °C comme par forte canicule. Il faut dire qu’un manufacturier comme Michelin investit chaque année plus d’un demi milliard d’euros en recherche et développement. Avec des résultats très concrets. Prenez les Porsche les plus récentes, comme le Cayman GT4 : elles se dotent de gommes Michelin Pilot Sport Cup 2. En apparence, des enveloppes très classiques, mais qui contiennent en fait deux revêtements différents. La partie extérieure adopte une gomme ultra-tendre pour un maximum de grip en conduite sportive, tandis que l’intérieur de la bande de roulement reçoit une gomme plus rigide pour une meilleure longévité. Selon le manufacturier, ce nouveau pneu peut encaisser 50 % de tours de circuit de plus que les enveloppes ancienne génération, tout en autorisant de meilleures performances.
Ces progrès technologiques ne sont pas réservés qu’aux modèles sportifs. Ainsi Michelin – encore lui ! – a récemment lancé son pneu CrossClimate, la toute première gomme été bénéficiant d’une homologation hiver. En clair, avec ce nouveau pneu tourisme, pas besoin de changer de roues à l’approche des frimas : le matériau de la bande de roulement s’adapte à la température, tandis que la sculpture en V optimise l’adhérence sur la neige. Le CrossClimate ne remplacera pas un vrai pneu hiver, mais il offre des performances supérieures aux pneus mixtes classiques, et suffira dans des zones où l’hiver peut être frais, mais sans forcément s’accompagner d’abondantes chutes de neige.
Côté polyvalence, le pneu de demain pourrait aller encore plus loin. Des chercheurs de l’Université de Leipzig ont ainsi mis au point un prototype capable de modifier la forme de ses sculptures ! Les blocs qui la constituent renferment des actuateurs piézo-électriques pouvant adapter la géométrie du pneu en fonction du type de terrain, des conditions météo ou de la conduite. Il ne s’agit pour l’instant que d’un concept très loin de la production de masse, mais la perspective est intéressante.
L’idée de truffer nos pneumatiques d’électronique fait en tous cas son chemin. Les capteurs de pression sont désormais monnaie courante (et obligatoires en Europe sur tous les véhicules neufs depuis novembre 2014). Mais Pirelli va plus loin avec son Cyber Tyre, une enveloppe renfermant quatre capteurs répartis tous les 90° au centre de la bande de roulement. Ces capteurs mesurent non seulement la pression et la température, mais également les accélérations longitudinale, latérale et radiale que subissent la gomme. Toutes ces informations peuvent être transmises directement à l’électronique régulant le comportement (ESP, antipatinage, différentiel piloté) de façon à repousser les limites du châssis. De la science fiction ? Pas tout à fait : la Ferrari FXX K est la première auto à bénéficier de ce Cyber Tyre. Gageons qu’elle ne sera pas la dernière.