Le pneumatique, cette simple bande de caoutchouc, est injustement ignoré par de trop nombreuses personnes. Seul lien entre l’asphalte et le véhicule, il revêt en vérité une importance capitale pour la tenue de route et la sécurité. Bien plus complexe qu’un peu de caoutchouc thermoformé, il poursuit sa révolution numérique pour accroître son efficacité et sa durée de vie.
Les pneus connectés existent depuis plusieurs années déjà, Goodyear ayant présenté son premier modèle en 2014. Initialement, ceux-ci se limitaient à embarquer de simples puces RFID dans les gammes destinées aux poids lourds. Une solution qui permettait de connaître la provenance et l’état du pneumatique, ainsi que divers autres éléments facilitant principalement la gestion des stocks. Puis, avec le temps, de nouvelles fonctionnalités sont apparues, autorisant entre autres d’augmenter la durabilité des pneus, via la surveillance de la pression.
Le choix de Pirelli
Aujourd’hui, tous les principaux manufacturiers se sont intéressés au sujet. Ainsi, Continental propose une solution également destinée aux véhicules lourds. Son “ContiPressureCheck” remonte en direct au tableau de bord des bus, tracteurs ou camions les données de pression et de température du pneu, permettant ainsi d’agir en temps réel en cas de crevaison ou de gonflage inadaptée. Ceci dans le but d’augmenter la durée de vie du pneu, de baisser la consommation de carburant et d’améliorer la sécurité. Le fabricant italien Pirelli, lui, a profité de l’événement The 5G Path of Vehicle-to-Everything Communication du 15 novembre 2019 pour dévoiler un pneu connecté particulier : le Cyber Tyre. Celui-ci exploite le réseau 5G pour faire remonter au calculateur du véhicule des données qui lui permettront d’adapter en temps réel sa configuration aux conditions de conduite. Grâce à la 5G, ce pneu d’un nouveau genre est capable d’adresser rapidement énormément d’informations aux calculateurs pour optimiser le paramétrage des aides et assistances à la conduite en fonction du changement d’état du revêtement détecté par le pneu, d’une différence de grip liée aux intempéries, etc. Mais le manufacturier transalpin va plus loin puisque son pneu peut se connecter à l’écosystème routier afin de communiquer des données qui pourront être transmises aux autres véhicules, tel un risque d’aquaplaning à un endroit, par exemple. Des innovations qui seront autant d’aides non négligeables pour les véhicules autonomes à venir.
Le sport par Michelin
Pour ce qui est du pneu connecté destiné aux modèles sportifs et à leur utilisation sur piste, Michelin a été le premier à dégainer. Après 18 mois de développement, il a lancé à l’été 2018 le label breveté TrackConnect. Pour résumer, le manufacturier français le présente comme un coach virtuel assistant le conducteur pour l’ajustement des pneus à la bonne pression. Une source au sein de l’entreprise se plaît à le définir en ces termes : c’est “comme si vous aviez un ingénieur Michelin à vos côtés !” Chaque pneu reçoit un capteur (de taille assez conséquente), embarqué dans un container. Ces capteurs échangent en temps réel via Bluetooth avec le smartphone du conducteur par l’intermédiaire d’un boîtier branché sur le port USB de la voiture. Deux informations vitales sont ainsi transmises : la pression et la température du pneu. Pourquoi ne pas utiliser le capteur TPMS de la jante ? Car la valeur n’y est pas assez précise, en plus d’être parasitée par la chaleur des freins. C’est en effet la température de la bande de roulement qu’il est important de connaître.
Dans l’application fournie par Michelin, le conducteur choisit la voiture qu’il utilise dans une liste. Un grand choix de véhicules y est proposé, y compris des “anciennes” telles que la Renault Mégane II RS. Il faut de toute façon que la voiture soit compatible en dimensions de pneumatiques avec ceux proposés par Michelin. Ensuite, on choisit le circuit. Tous les circuits d’Europe et des États-Unis sont normalement intégrés. Enfin, reste enfin à indiquer la météo. Le manufacturier a déjà préenregistré plusieurs données par voiture et circuit afin de disposer des valeurs de référence que le conducteur ou pilote devra utiliser.
Comme son nom le suggère, TrackConnect est réservé à une utilisation sur piste. L’application indique d’abord la valeur de pression nominale à respecter au début d’une session puis, après quelques tours, une fois les pneus chauds, elle propose de les réajuster sans avoir à descendre du véhicule ! La pression sera en effet modifiée directement en la sélectionnant dans l’application. Magique ! De plus, pour le réglage, l’application prendra en compte le type de conduite. Selon que le conducteur a tendance à sous-virer ou au contraire à survirer, elle préconisera les pressions adaptées sur les essieux avant et arrière. Par voie de conséquence, on peut en déduire notre type de conduite et, surtout, le chrono va de fait s’améliorer ! De plus, Michelin s’est rendu compte qu’en maintenant la bonne pression, la bande de roulement s’use moins vite, ce qui permet de gagner un certain nombre de tours.
Sur quels pneus Michelin et pour quel prix ?
100 % de la gamme Pilot Sport Cup 2 est, à présent, d’emblée connectable en achetant en option un kit de 380 €. Pas donné, mais on peut considérer cela comme un investissement puisque les capteurs sont réutilisables, tant sur d’autres pneus que sur un autre véhicule. Pour l’anecdote, le premier constructeur à fournir de série des PS Cup 2 connectables a été BMW M avec la M2 CS et actuellement avec les nouvelles M3 et M4. D’autres constructeurs suivent, notamment Alfa Romeo avec les Giulia GTA.