Objectif 50 g/km de CO2 pour Michelin

Patrick Oliva (photo CC Flickr/International Transport Forum)

Patrick Oliva (photo CC Flickr/International Transport Forum)

Tous les constructeurs automobiles ont les yeux fixés l’horizon 2020, date à laquelle l’Union Européenne imposera une moyenne d’émissions de 95 g/km de CO2, sous peines de lourdes amendes. Mais pour Patrick Oliva, directeur de la prospective et du développement durable chez Michelin, les 95 grammes ne sont qu’une étape. Cité par nos excellents confrères d’Autoactu.com, il avance à plus long terme un objectif de… 50 g/km ! Irréaliste ? « Envisageable » selon Oliva… à condition de poursuivre l’allègement des véhicules, le développement de l’hybridation et de la propulsion électrique, mais également de pousser l’autopartage, les réseaux d’alimentation électrique intelligents et la décentralisation de la production électrique.

C’est, mine de rien, le sujet principal de ce blog : l’avenir de l’automobile passe par cette impitoyable « chasse au CO2 » à laquelle se livrent tous les constructeurs, sans exception, sous la pression des autorités et de l’opinion publique. À en croire Patrick Oliva, cette chasse n’est pas prête de s’arrêter. Membre du conseil industriel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), organisme dépendant de l’OCDE, Oliva indique ainsi que, malgré tous les efforts, on est en train de s’éloigner de l’objectif qui consiste à limiter à 2 °C le réchauffement planétaire d’ici à 2100. « Pour rester dans l’objectif il faut stabiliser la concentration dans l’atmosphère à 450 ppm en équivalent CO2 », explique-t-il. « Aujourd’hui, l’AIE dit que nous sommes partis sur une trajectoire double, soit 900 ppm. » Bref, il y a du pain sur la planche… et ce n’est pas un écologiste bêlant qui le dit, mais l’un des hauts responsables industriels européens, et parrain du Challenge Bibendum !

Challenge Bibendum à Berlin en 2011 (photo CC Flickr/Michelin Challenge Bibendum)

Challenge Bibendum à Berlin en 2011 (photo CC Flickr/Michelin Challenge Bibendum)

Pour lui, le nouvel objectif à viser est la barre des 50 g/km d’ici à 2050. Un vœu pieux ? « C’est le message que nous développons dans le cadre du Challenge Bibendum, ce qui ne signifie pas qu’il y ait consensus là-dessus. Cependant en 1998, nous évoquions 100 g/km, on sait aujourd’hui qu’on va être capable de le faire. Intellectuellement, nous avons franchi cette étape. » Pour y parvenir, il faudra d’abord continuer d’améliorer nos moteurs thermiques, tout en développant l’hybridation et l’allègement des véhicules. « Les progrès accomplis ont été considérables et nous en avons encore sous le pied », assure Patrick Oliva. « Le but du Challenge Bibendum est d’accélérer sur cette problématique. »

L’accès du plus grand nombre à l’automobile (y compris, donc, les populations des pays émergents) passera en outre par un meilleur partage de la voiture dans les villes. « La modernité, ce ne sera pas une solution unique, mais une complexité bien gérée. Je crois beaucoup que l’avenir va passer par des solutions de coopération, de la même manière que les solutions de véhicules partagés. Nous entrons dans des modes de partages et les business modèles évoluent. »

Autolib (photo CC Flickr/Damien [Phototrend.fr])

Autolib (photo CC Flickr/Damien [Phototrend.fr

Ce développement s’accompagnera, selon Patrick Oliva, d’une diversification et d’une décentralisation des sources d’énergie. Au Brésil, par exemple, la canne à sucre cultivée localement permet de produire des biocarburants « au bilan CO2 est très positif ». À l’avenir, le nucléaire si cher à la France ne deviendrait qu’un élément parmi un panachage de solutions, parmi lesquelles l’électricité hydraulique, l’éolien, le solaire… « Nous n’aurons pas une solution unique mais un cocktail harmonieux de solutions qui permettent de réconcilier un développement souhaitable du transport. »Le développement des véhicules utilisant une dose d’électricité permettra par ailleurs, grâce au réseau électrique intelligent (Smart Grid), de stocker de l’énergie dans les autos pour pouvoir la réutiliser en cas de pic de consommation dans un pays.

Porsche Boxster E (photo CC Flickr/Michelin Challenge Bibendum)

Porsche Boxster E (photo CC Flickr/Michelin Challenge Bibendum)

Enfin, dernier argument en faveur de cette évolution vers moins de CO2 : l’augmentation continue du coût du pétrole, qui pèse autant sur le budget des ménages que sur la balance commerciale des pays importateurs. La révolution ne fait que commencer !

Je vous invite à lire l’intégralité de la passionnante interview de Patrick Oliva sur le site Autoactu.com.

4 thoughts on “Objectif 50 g/km de CO2 pour Michelin

  1. Le partage de voitures!?
    Votre vision de l’avenir c’est la voiture « transport en commun » parmi les autres transports en commun classiques? …mais quel ennui!
    Donc il s’agit d’un régime communiste à la puissance écolo si je comprends bien…?
    …eh bien cette vision plus à gauche que la gauche me donne la nausée!

    Sachez que pour bon nombre d’entre nous, la voiture est bien plus qu’un utilitaire destiné à nous déplacer… c’est un objet vecteur d’ambitions, de passion, d’émotions pures que l’on aime intensément pour ce qu’il est, pour ce qu’il représente et aussi pour l’histoire de sa marque. Un objet que l’on veut configurer sur mesure pour ensuite le posséder égoïstement, l’utiliser et le bichonner.
    L’automobile est bien plus qu’un simple « outil », c’est une culture! …et une culture ça se respecte et surtout ça ne se balaye pas d’un simple revers de la main.

  2. Comme d’habitude on se trompe de critères, le sujet n’est pas le CO2 qui n’a jamais fait de mal à personne, on ferait mieux de chercher:
    A abandonner le diesel qui génère des gaz hautement toxiques ainsi que des particules fines cancérigènes, sans compter la pollution sonore,
    A promouvoir les transports en commun, plutôt que le co-voiturage qui est un rêve écolo socialo qui n’ a jamais pris, avec les transports en commun au moins, on est sur d’avoir un chauffeur professionnel et un engin adapté au transport collectif!
    Et pourquoi ne parle t’ on plus de la pile à combustible?

  3. Effectivement, le CO2 n’est pas toxique pour les êtres vivants puisque nous en produisons nous-même… et l’effet de serre ma foi, on peu le maîtriser notamment grâce à l’inversion du cycle du carbone via le gavage micro-algues en CO2 pour la resynthèse de pétrole (voir Biofuel systems). Rien qu’en utilisant ce système de « cycle vertueux » pour les usines, les grosses structures et les habitations, on perdrait quelques degrés et le pH des océans remonterait… et surtout, il n’y aurait plus de pénurie de pétrole! –> Il faudrait seulement 60 mille km2 de culture pour égaler la production mondiale de pétrole de 2010!

    Pour la pile à combustible, le problème c’est la nécessité de la présence de platine comme catalyseur (ou du ruthénium, mais c’est un dérivé du platine donc c’est pareil)… et la terre n’en a pas assez renouveler le parc circulant existant.
    Les transports en commun ok… mais en sous terrain alors! 😉

  4. L’autopartage « grand public » reste un mode alternatif de mobilité, principalement pour les populations urbaines qui sont peu motorisées en ville eu égard à l’utilité qu’elles en ont et au coût de revient élevé (achat, stationnement, PV, entretien, assurance…). Et au-delà du pur aspect pratique, je rejoins Hedonic sur le fait qu’une voiture personnelle reste encore très souvent perçue comme un objet de rêve, de fantasmes, d’ascension sociale.
    L’autopartage en entreprises quant à lui est en plein essor et trouve tout son sens : Ce « nouveau » mode de mobilité répond à de nombreuses problématiques rencontrées au sein des entreprises, qu’elles soient d’ordres économiques, environnementales, sociales, ou tout simplement d’image.
    Face à la multiplicité des opérateurs dans ce domaine et à leurs spécificités, l’Institut National d’Etudes sur l’Auto-Partage (INEAP) accompagne les décideurs désireux de mettre à disposition de leurs collaborateurs ce service. Au travers d’audits complets permettant de cerner les besoins de mobilité de l’entreprise, l’INEAP accompagne les décideurs dans le choix de la solution adaptée à leurs besoins, tant d’un point de vue technique qu’en dimension de flotte.

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