Être informé d’un danger sur la route, éviter les collisions, savoir à quelle vitesse rouler pour éviter les feux rouges : tout ceci sera bientôt possible grâce à la voiture communicante. Et quand je dis « communicante », il ne s’agit pas simplement d’une auto capable de lire à haute voix vos SMS, mais bien d’une voiture « discutant » avec ses congénères ainsi qu’avec les infrastructures ! Un vrai progrès, qui permettra d’améliorer la sécurité routière, mais également de fluidifier le trafic, et d’abaisser les émissions polluantes et la consommation de carburant. Et pour prouver que cette technologie est viable, un test grandeur nature a eu lieu en Allemagne, dans la région de Francfort.
Vous roulez tranquillement quand, au détour d’un virage, vous vous laissez surprendre par un joli tapis de feuilles mortes humides. La voiture glisse, mais est aussitôt rattrapée par l’ESP, qui vous remet dans le droit chemin. Fin de l’histoire. Du moins aujourd’hui. Car demain, votre voiture ne se contentera pas de vous faire éviter un accident : elle s’arrangera également pour signaler le danger aux autres automobilistes. Automatiquement.
Dans le jargon, on appelle cela le « Car-to-car », « Car-to-infrastructure » et plus généralement, « Car-to-X ». En clair, l’automobile de demain communiquera avec le reste du parc ainsi qu’avec les infrastructures routières. Dans l’exemple que je citais, la voiture de 2020 enverra un signal par réseau Wi-Fi ou GSM pour signaler qu’à tel endroit, la route est glissante (puisque l’ESP s’y est déclenché). Si quelqu’un emprunte la même route quelques minutes plus tard, un visuel l’avertissant du danger s’affichera sur son écran.
Autre exemple : bon nombre d’accidents ont lieu à une intersection. Mauvaise visibilité à un carrefour, véhicule arrivant trop vite, conducteur distrait, autant de risques de crash, potentiellement très grave. Mais imaginez que les voitures « dialoguent » entre elles, s’informant mutuellement de leur position, de leur direction de déplacement et de leur vitesse : elles pourraient alors avertir leurs conducteurs d’un danger imminent, et leur faire éviter l’accident !
Mais la voiture communicante n’a pas que des avantages sur le plan de la sécurité routière : elle peut également permettre de fluidifier le trafic et de vous aider à baisser votre consommation de carburant. Prenons l’exemple d’un boulevard avec une succession de feux rouges. Difficile de savoir à quelle vitesse rouler pour éviter d’être en permanence stoppé à chaque carrefour. C’est pourtant primordial car, au delà de l’agacement compréhensible à chaque arrêt imposé, le redémarrage qui s’ensuit se révèle inutilement énergivore.
C’est là qu’intervient la technologie « Car-to-infrastructure » : au lieu de rouler à l’aveuglette, la voiture dialogue avec les feux de signalisation, qui lui indiquent leur chronologie : dans 12 secondes le premier feu passera au vert, dans 23 secondes ce sera au tour du suivant, etc. Ces informations sont analysées par la voiture, qui peut alors vous conseiller une plage de vitesses optimale afin de n’avoir que des feux verts ! À première vue, cela ne paraît pas grand-chose, mais ce système permettrait d’abaisser de 15% les émissions de CO2 et la consommation, tout en améliorant la fluidité du trafic. À l’échelle d’un pays comme l’Allemagne, ce système permettrait d’économiser la bagatelle de 900 millions de litres de carburant chaque année, si tout le parc et tous les feux étaient équipés !
Et si je vous parle de l’Allemagne, c’est que ce pays est (encore ?) en pointe dans ce domaine. Ainsi, six constructeurs automobiles (Opel, Audi, BMW, Daimler, Ford, VW), des équipementiers (Continental…) et des universités et centres de recherche se sont associés dans un projet baptisé SimTD (Sichere Intelligent Mobilität – Testfeld Deutschland, soit « Mobilité sûre et intelligente – Terrain d’essais Allemagne »). Le programme SimTD visait à tester en grandeur nature, avec des véhicules de marques et types différents (y compris des motos), le concept de communication « Car-to-X ».
Après 4 années d’expérimentation, le programme SimTD est arrivé à son terme, permettant à tous les intervenants de peaufiner ces technologies… qui équiperont à coup sûr nos voitures de demain !
C’est dommage que l’on ne voit pas ce genre de projet en France alors que les compétences sont présentes: constructeurs, équipementiers et institut tel que l’IFSTTAR. Encore une démonstration de la cohésion allemande!