Voiture électrique : vent de panique chez Renault-Nissan

Carlos Ghosn : "La voiture électrique, c'est la chance de ma vie. J'y crois à mort !"

Carlos Ghosn et la voiture électrique : une histoire compliquée !

En début d’année, je vous expliquais que l’industrie automobile commençait à lentement perdre la foi en matière de voitures électriques, et que seul l’impayable Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan, continuait de croire à un marché capable d’absorber 10 % de véhicules électriques à l’horizon 2020. Mais même lui se pose désormais des questions ! Dans une récente interview au Financial Times, Ghosn a du se rendre à l’évidence : le marché n’est pas prêt…

L’actu a fait le tour du web : en octobre dernier, une voiture électrique a pour la première fois trusté la première place d’un marché automobile européen, en l’occurrence la… Norvège ! Dans ce beau pays, il s’est en effet vendu 716 Nissan Leaf le mois dernier, soit une part de marché de 5,6 %. C’est plus que les Toyota Auris (5,3 %) et Volkswagen Golf (5,0 %), respectivement première et deuxième dauphines : une situation étonnante, pour ne pas dire surréaliste, qui a fourni à Nissan l’occasion de publier un triomphal communiqué de presse.

Événement historique : une Nissan Leaf livrée !

La Nissan Leaf, un best-seller… en Norvège uniquement !

Mais la Norvège n’est pas l’Europe et encore moins le monde : au global, l’Alliance Renault-Nissan n’a commercialisé que 120 000 véhicules électriques au cours des cinq dernières années. C’est mieux que n’importe quel autre groupe automobile. Mais c’est encore très loin de l’ambitieux objectif annoncé par l’Alliance en 2011 : à l’époque, Carlos Ghosn espérait écouler 1,6 millions de véhicules électriques d’ici à la fin 2016 !

Résultat : le patron de Renault-Nissan a du se rendre à l’évidence : « Nous n’y arriverons pas », a-t-il reconnu à nos confrères du Financial Times. « À l’allure actuelle, je pense que nous n’atteindrons cet objectif que quatre à cinq ans plus tard. Nous devons reconnaître que c’est plus lent que prévu. Mais c’est plus lent parce que nous pensions que les infrastructures allaient se développer plus vite. Ce n’est pas le cas. […] Je ne pense pas que le vrai problème aujourd’hui soit le coût de l’auto. Le vrai problème est l’infrastructure. C’est normal : je n’achèterais pas de voiture à essence s’il n’y avait pas de stations d’essence ! »

La voiture électrique : une charmante utopie ? (Renault Zoé)

Pour Carlos Ghosn, le trop lent déploiement des infrastructures de recharge est en cause.

Pour Carlos Ghosn, donc, le produit et ses limitations ne sont pas la question, pas plus que le prix, il est vrai rendu attractif par le mécanisme de location des batteries (qui fait cependant office de repoussoir pour bon nombre de clients). Le vrai problème serait l’absence de politique véritablement volontariste en faveur de la voiture électrique.

Il est vrai qu’en France, le gouvernement a envoyé un mauvais signal en abaissant le bonus 2014 des voitures électriques de 7 000 à 6 300 €. Quant au développement des bornes de recharge publiques, il piétine, malgré quelques initiatives locales.

Une Nissan Leaf à Oslo, Norvège (photo CC Flickr/David Villarreal Fernández)

Une Nissan Leaf à Oslo, Norvège (photo CC Flickr/David Villarreal Fernández)

À l’inverse, la Norvège fait tout pour promouvoir les V.E. : ce pays, septième exportateur mondial de pétrole, cherche justement à s’affranchir de sa dépendance à l’or noir, et possède en outre un important réseau de barrages hydro-électriques, qui lui permet de produire de l’électricité « verte ». Qui plus est, le gouvernement local a mis le paquet côté incitations : les voitures électriques sont ainsi exemptées de TVA (elle est à 25 % là bas !), de redevance de stationnement et de péages urbains. Leurs conducteurs sont même autorisés à emprunter les couloirs de bus !

Possible dans un pays à l’économie aussi prospère que la Norvège, une telle politique est cependant plus délicate à étendre au reste de l’Europe, particulièrement en temps de crise. D’autant que cette dernière a contribué à contenir le prix du baril de pétrole à des niveaux raisonnables : jusqu’en 2008, on imaginait volontiers un baril à 200 dollars en 2013. Vu la faiblesse de la demande, celui-ci s’est actuellement stabilisé aux alentours de 100 dollars, et n’a jamais franchi la barre des 120 dollars. Une tendance que le développement des pétroles non conventionnels (dont les fameux « gaz de schiste ») devrait confirmer.

Un site d'exploitation de gaz de schiste en Australie (photo CC Flickr/lockthegate)

Un site d’exploitation de gaz de schiste en Australie (photo CC Flickr/lockthegate)

Bref : contrairement aux prévisions des Cassandre, le pétrole ne flambe pas, n’incitant pas les automobilistes à se convertir à la propulsion électrique. Et comme les priorités des gouvernements sont ailleurs, les infrastructures et politiques volontaristes manquent. On comprend mieux le vent de panique qui s’empare de l’Alliance Renault-Nissan, qui entend désormais mettre le paquet sur l’hybridation… avec hélas un train de retard.

Un logo que l'on n'est pas prêt de voir sur une Renault...!

Logo d’une Nissan hybride.

14 thoughts on “Voiture électrique : vent de panique chez Renault-Nissan

  1. Le fond du problème est là ! Pourtant, ce matin, en garant ma voiture dans un parking de Lille, j’ai vu trois superbes places réservées pour les voitures électriques. Malheureusement, il n’y en avait aucune en recharge! Petit à petit, ce type de véhicule va entrer dans l’esprit des gens mais, au delà des places de parking, il faudra implanter sur le territoire, en commençant par les grands axes (Lille-Paris-Nantes- La Baule par exemple) des stations de recharge comme celles que l’on voit aux States pour Tesla. A condition aussi que les constructeurs s’entendent pour les connections et ne fassent pas comme pour les téléphones portables qui ont tous des chargeurs différents!!! Ce n’est qu’après cette mise en place que les acheteurs potentiels se décideront. Pas avant!

  2. En France l’automobiliste est encore trop attaché à sa sacro sainte diesel !

    La voiture électrique est idéale pour les déplacements urbains, dans un avenir incertain elle sera aussi faite pour les longs parcours (Autonomie, bornes de recharge plus nombreuses etc..)

    Mais un autre critère rentre en ligne de compte actuellement, le prix !
    Je parle ici de vraie voiture, pas de voiturette, voiture qui peut être utilisée dans le cadre familial.

    On voit également des modèles avec les batteries en location !
    C’est idiot ! Dans ce cas, votre voiture vous coute de l’argent en plus de l’assurance, même si vous ne l’utilisez pas.

    Bref, je serai pour acheter une électrique quand elle permettra la même indépendance que les voitures actuelles.

    De plus le marché du pétrole est encore trop fort.
    C’est pas pour demain la généralisation électrique.

  3. l exemple de cette grosse bourde de pseudo visionnaire incompetent et arrogant , sans aucune connaissance vraie, vecus, sentie, du produit et du marché , apres les lamentables couac des espions chinois , est en revanche l example meme de ce que seul notre pays sait faire a tous les niveaux de notre industrie decadente et de la grande Administration qui chapeaute le tout …..tout le contraire de ce qui est fait par les pays qui malgré la crise réelle , savent tirer leur epingle du jeu
    allez jeter un oeil outre Rhin ….encore eux direz vous mais ils ne sont pas seuls dans ce cas , a avoir de bons managers et de vrais entrepreneurs qui ont la vision saine de leur business et ainsi donnent confiance a leurs salariés !!

  4. Il faut continuer à peser et proposer des offres intéressantes. Mon constat sur le rechargement sur mon site internet. RENAULT doit résoudre les freins à l’achat, la location des batteries et le système de wall box inutile et impose un monopole et un coût.
    Une offre qui manque également l’hybride rechargeable.
    Mon expérience de traversée de la France qui reste possible et qui pousse les limites.
    http://www.laurent-lasselin.fr

    Laurent Lasselin

  5. Belle performance en Norvège, où la densité de circulation et de réseau routier n’est pas la même, le réseau de bornes de recharge rapide (même les superchargers Tesla) est développé, dense et en activité… Et surtout, si l’on en croit ce que la presse racontait récemment, nos beaux 7 000 Euros de bonus de la part de l’Etat français profitaient directement… aux clients norvégiens via une simple boîte postale d’un groupe de distribution automobile à Paris !

  6. J’aurai acheté une Zoé si elle avait proposé un prolongateur d’autonomie comme la i3 de Bmw. Pourquoi ne pas proposer cette option, je suis sûr qu’avec une autonomie repoussée autour de 300 kms, ces autos se vendraient bien.

  7. Pour revenir au pdg de Renault Nissan il se trompe trop souvent
    d’ailleurs son manque de connaissance du produit automobile est souvent inversement proportionnel a son revenu .

    Maintenant il y a un problème d’infrastructure de recharge mais il ne faut pas voir que cela
    j’ai envie d’avoir un véhicule électrique essayé une fois juste une fois de conduire ce genre de voiture en ville et vous serrez séduit donc j’ai décidé de le commander pour la fin de l’année pour l’offrir à ma femme pour la noël.
    bon et bien le bonus n’est plus le même moins 700€
    le budget n’est pas extensible !
    alors un petit effort bon je me pointe dans une succursale Renault et bien entre le manque de courtoisie le manque de connaissance et les branleurs de vendeur je suis reparti sans commande. Acheter francais c’est un peu ce foutre de votre gueule hein Arnaud.
    Alors Monsieur le PDG avant de vouloir produire en masse un nouveau type de véhicule il faudrait peut être « produire » des collaborateurs commercials dignes de ce nom Honte a vous représentant d’une marque qui fait tout pour ne pas vendre un produit.
    Comme je veux rouler dans un véhicule électrique et bien je vais voir de l’autre coté du Rhin.
    Wv a annoncé bientot un vehicule, BMW est parti pour
    alors je vais attendre pour avoir les fonds pour investir d’ailleurs pas sur quelle soit plus chere au moins j’aurais un sourir et le bonjour lorsque l’on penetre dans une concession

    cordialement

  8. Je ne comprend pas. L’acheteur français, pas prêt pour acheter une voiture électrique? mon oeil! pas prêt pour acheter une Renault électrique. Oui. Cette histoire de location de batterie est antinomique. La voiture électrique devrait nous donner de l’indépendance.. elle nous rend dépend d’ un réseau ! un peu comme le gaz de ville. Regardez chez BMW, leur petite et très belle voiture électrique se vend comme des petits pains ! BMW doit augmenter la cadence ! Volvo ? idem ! de belles voitures, soignées, indépendantes, ( il suffit se se recharger sur le réseau électrique classique, voire, en heures de nuit), avec une autonomie satisfaisante. Renault ? Moche, pastiche, chère pour ce que c’est, dépendante. Concevoir un véhicule de façon à rendre l’utilisateur ( français en plus !, le roi de l’indépendance, de la râlerie etc) captif de la marque.. un TRES mauvais calcul… c’est que le le bât blesse.

  9. Encore une fois dans ce Pays, comme d’habitude on met la charrue avant les bœufs …
    Pas de borne de recharge ou si peu, donc les ventes de voitures électriques ne décollent pas.
    Aucune volonté politique, que du bla bla , vraiment dommage, une fois de plus on rate une belle réussite technique d’avenir.

  10. quand je vous dis que le pdg de renault et de nissan touche encore par les outre-rhin pour saborder les 2 premieres çà ne fait jamais qu un 3 iemme salaire?

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