Le CES de Las Vegas, ce nouveau salon automobile

Mary Barra, présidente de General Motors, lors du CES 2016.

Mary Barra, présidente de General Motors, lors du CES 2016.

Si les constructeurs commencent à bouder les salons automobiles traditionnels, ils sont en revanche de plus en plus nombreux à se presser dans des rassemblements consacrés à d’autres domaines. Et notamment au CES de Las Vegas, grand-messe annuelle de la high tech. Quelles sont les raisons d’un tel engouement ?

Depuis sa première édition en 1967, le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas a réussi à s’imposer comme un rendez-vous incontournable pour tous les industriels spécialistes de la high-tech. À peu près toutes les technologies qui font ou ont fait notre quotidien ont été présentées dans ce salon, du magnétoscope au disque BluRay en passant par les tablettes tactiles. À part des marques vedettes comme Apple ou Samsung, qui préfèrent généralement présenter leurs grosses nouveautés dans des « keynotes » hors calendrier, aucun géant de la haute technologie ne manquerait le CES. À priori, cependant, le salon n’a guère de rapport avec l’automobile, les constructeurs n’ayant pas l’intention de se diversifier dans les ordinateurs portables, les smartphones ou les appareils photo. Et pourtant, les marques auto sont de plus en plus nombreuses à se bousculer dans les allées du salon de Las Vegas !

Une Ford Fusion Hybrid autonome.

Une Ford Fusion Hybrid autonome.

Ces mêmes constructeurs qui boudent les salons automobiles classiques s’empressent de répondre présents au CES. Après avoir fait l’impasse sur le récent Mondial de Paris, Ford et Volvo ont bien loué un stand le long du « Strip » de Las Vegas, ce vaste boulevard tracé entre deux rangées de casinos géants. Le premier y fait une démonstration de ses voitures autonomes, tandis que le second y dévoile une version de l’application Skype adaptée aux tablettes tactiles embarquées dans ses modèles S90, V90 et XC90.

L'application Skype for Business embarquée sur les Volvo.

L’application Skype for Business embarquée sur les Volvo.

Et ces deux constructeurs ne seront pas seuls sous le soleil du Nevada. Ils cohabiteront en effet avec BMW, qui dévoile un concept d’interface holographique futuriste. Chrysler présente de son côté le prototype Portal, un monospace ultra-connecté et semi-autonome à propulsion électrique. Le coréen Hyundai y décline sa berline électrique et hybride Ioniq dans une version autonome. Honda y va aussi de son concept-car au style décalé, baptisé NeuV.

Interface holographique BMW.

Interface holographique BMW.

Carlos Ghosn en personne fait le déplacement à Las Vegas pour honorer la première participation officielle de Nissan au CES et y faire un grand discours. Et si Audi, pourtant un habitué de la première heure de ce salon, est absent cette fois-ci, la marque Volkswagen présente une application mobile de personnalisation de l’ambiance à bord d’un véhicule. Enfin, Faraday Future, concurrent autoproclamé de Tesla, y dévoile son tout premier modèle de série.

Faraday Future FF91.

Faraday Future FF91.

On notera aussi la présence de Mercedes et Toyota, ainsi que de Navya, la start-up française spécialisée dans les navettes 100% autonomes. Enfin, les constructeurs ne sont pas les seuls à faire le déplacement à Sin City : les équipementiers aussi ont répondu largement à l’appel, comme en témoigne la présence des Bosch, ZF, Delphi, Denso, Magneti Marelli et autres Valeo.

La navette autonome Navya Arma testée par l'université du Michigan.

La navette autonome Navya Arma testée par l’université du Michigan.

En clair, le CES attire aujourd’hui le ban et l’arrière-ban de l’industrie automobile mondiale. Et ce n’est pas qu’un effet de mode. Certes, les spécialistes de la com’ ont bien compris qu’apparaître dans un tel salon permettait d’atteindre un nouveau public, plus jeune et plus technophile, ce même public qui a de plus en plus tendance à bouder l’automobile, objet trop estampillé « XXe siècle » à son goût. Accessoirement, le discours de la marque évite alors d’être noyé parmi celui de ses concurrents, comme c’est le cas durant un salon automobile traditionnel.

Mais ce mouvement traduit surtout une tendance de fond : la high-tech est désormais partie intégrante de l’automobile moderne, et le sera de plus en plus à l’avenir. Les enjeux technologiques et financiers ne se situent désormais plus au niveau de la mécanique, comme ce fut le cas lors du siècle dernier, mais bel et bien au niveau des logiciels, composants, interfaces et batteries. Dès 2015, l’ex-patron du groupe Volkswagen Martin Winterkorn estimait que l’électronique représenterait 50% de la valeur ajoutée d’une voiture en 2020. Quant au marché des systèmes d’assistance à la conduite (ADAS), il devrait peser 55 milliards d’euros à la même période ! Autant de disciplines dans lesquelles l’automobile a beaucoup à apprendre des géants du numérique, qu’ils s’appellent Samsung, Apple ou Intel. Il paraît bien loin, le temps où un géant comme BMW ne possédait qu’un seul et unique ordinateur…!

Le CES finira-t-il par être rebaptisé le « Car Electronics Show » ? La plaisanterie circule en tous cas dans la presse américaine. Mais au-delà du bon mot, nul doute qu’avec un concurrent aussi prospère, les salons automobiles « à l’ancienne », Detroit en tête, ont du souci à se faire…

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