Les normes écologiques, étouffoirs de la créativité

Destinées à réduire les émissions de CO2 du parc automobile, les règles, taxes et normes écologiques fixées par les pouvoirs publics ont un effet secondaire : elles contribuent à uniformiser l’offre et à bannir les modèles un tant soit peu originaux.

Le Suzuki Jimny avait fait sensation lors de sa présentation au Mondial de l’Automobile 2018. Ce mignon 4X4 ultra-compact s’offrait un look rajeuni et des prestations modernisées, mais sans abandonner les qualités de franchisseur qui ont fait la renommée du modèle. La clientèle ne s’y est pas trompée, puisqu’il s’en est vendu pas moins de 16 600 en Europe l’an dernier. Un succès tout aussi joli qu’éphémère : la commercialisation du Jimny est en effet « suspendue ». La raison ? Des taux de CO2 trop élevés, pénalisalisants pour la marque qui doit complaire aux objectifs d’émissions qui lui ont été attribués par l’Union pour 2020. Il faut dire qu’avec 154 ou 170 g/km de CO2 suivant les versions, le Jimny fait effectivement figure de mauvais élève. Immatriculer un tel modèle en France vous aurait coûté un malus de 4 818 à… 10 980 €, soit la moitié du prix catalogue ! Le petit 4X4 était devenu invendable.

Suzuki Jimny
Suzuki Jimny

Et avec le durcissement des normes et le déplafonnement du barème du malus écologique décrété par le gouvernement, on ne donne pas cher de certains modèles de caractère. Ils sont en effet nombreux à écoper de la pénalité maximale, qui s’élève, rappelons-le, à 20 000 € ! Car ce « super malus » ne touche pas que d’exotiques supercars, mais aussi des modèles nettement plus courants, comme les Toyota GT-86, Renault Mégane R.S. ou Honda Civic Type R. Même des modèles « light is right » comme la Lotus Elise sont touchés ! Et on imagine mal les constructeurs prendre à leur charge cette fiscalité, même si Jaguar Land Rover s’y est essayé en janvier : leurs fragiles marges n’y survivraient pas. Autant dire que l’on ne prédit pas un grand avenir commercial à ces modèles…

Renault Mégane R.S. Trophy
Renault Mégane R.S. Trophy

Bien sûr, il existe des astuces : la micro-hybridation (abordable mais peu efficace en termes de CO2), et surtout les hybrides rechargeables. Grâce à un protocole d’homologation particulièrement favorable, ces dernières affichent en effet des émissions très basses. L’exemple le plus frappant est probablement celui de la Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid qui, malgré une puissance « supercaresque » de 680 ch, n’affiche que… 72 g/km de CO2 ! Une valeur qui lui permet de passer sous le radar du malus, en tous cas pour l’instant. Certes, la bête s’affiche à plus de 190 000 €, mais d’autres hybrides rechargeables sportives plus accessibles sont annoncées, comme la Volkswagen Golf GTE ou la Cupra Leon (245 ch chacune). Reste que le poids de leur batteries risque de causer bien des migraines aux ingénieurs châssis…

Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid
Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid

Il y a donc les modèles dont la carrière est compromise, ou dont la sportivité risque d’être mise à mal par l’hybridation. Mais il y a aussi ceux qui ont disparu… ou qui ne verront jamais le jour ! Car le mouvement à marche forcée vers l’électrification engendre des coûts de développement considérables, qui imposent le plus souvent de faire des choix. Il faut rationaliser les plate-formes et réduire le nombre de motorisations thermiques pour dégager suffisamment de crédits pour mettre au point machines électriques, batteries à haute tension et électroniques de puissance. C’est ainsi que les petits coupés sportifs, incarnés il n’y a pas si longtemps par les Peugeot RCZ et autres Volkswagen Scirocco, ont purement simplement été sacrifiés. Idem pour les cabriolets : ne subsistent plus que les modèles très haut de gamme. Même les carrosseries 3 portes, pas assez prisées par la clientèle, ont quasiment déserté les catalogues.

Peugeot RCZ R
Peugeot RCZ R

Bien sûr, il reste des exceptions. Que Renault ait pu lancer l’Alpine A110 ou que Mazda continue coûte que coûte à proposer une MX-5 force le respect et l’admiration. Mais la tendance est à la réduction au plus petit dénominateur commun de l’univers automobile : le véhicule qui convient pour à peu près tous les usages et pour à peu près toutes les clientèles, de Munich à Shanghai en passant par Marseille. Et ce dénominateur commun, vous l’aurez remarqué, c’est le SUV, décliné à toutes les sauces, petit ou grand, thermique, hybride ou électrique, familial ou sportif, et parfois même… cabriolet ! Vous me direz que le SUV n’est pas non plus idéal en termes de CO2, et vous aurez raison : plus haut et plus lourd, il est moins efficient qu’une berline… ou qu’un coupé ! Ça finira bien par se savoir… En attendant, il va falloir se résigner à la monotonie sur nos routes.

Volkswagen T-Roc Cabriolet
Volkswagen T-Roc Cabriolet

15 thoughts on “Les normes écologiques, étouffoirs de la créativité

  1. Bonjour bien d’accord pour se sujet ,je suis retraité de l’automobile et je suis passionné,et j’aimes les vrais coupé 2 portes .
    J’ai opté pour une Mercedes coupé cl 500 de 2007 de 85000kms 1ere main après l’avoir passé au bioéthanol je fait le plein pour moins de 70 euros soit 600kms d’autonomie ,roué en coupé premium a un prix de moins de 30000 euros voici ma solution pour rouler plaisir en balade et sans trop polluer moins qu’un SUV

  2. Bonjour,
    Peut on dire à notre époque que les normes environnementales soient des étouffoirs ?!!!!
    Les producteurs s adaptent ou s adapteront. La conception d évolution est valable pour à peu près tout, y compris pour l’automobile. Il est certain que ces moteurs thermiques sont d un autre âge et que de belles choses sont à venir!
    Fred

  3. Oui, l’avenir de l’automobile est derrière nous. Choyons nos belles anciennes de caractère et désertons les show rooms aseptisés de nos constructeurs.

  4. Ce qui pose question je trouve, c’est le décalage qu’il peut y avoir entre les émissions de co2 annoncées et la consommation réelle des voitures. Je trouve étonnant qu’une lotus Elise qui ne consomme pas grand chose, soit plus taxée qu’un Suv par exemple. Ça donne la désagréable sensation que les gros constructeurs ont les moyens de mettre au point des systèmes vertueux pour les cycles d’homologation, ce que les petits ne peuvent pas faire. Ou alors je n’ai pas saisi quelque chose mais pour moi quantité de co2 et quantité de carburant brûlé devrait en principe être lié non (tant que l’on parle de ce gaz et pas des particules ou autre Nox).

  5. Normes, règles, réglementations, pour arriver à des voitures identiques et normalisées.
    Un parfum de néo communisme dans le prêt à penser sociétal et la culpabilisation à outrance.
    Un peu d’obsolescence programmée pour une durée de vie de 12 ans maximum des véhicules (ça ne devrait pas poser problème, non ?) et tant qu’à faire, soyons fou : pourquoi ne pas passer au litre d’essence à 3 € ?

    • Tout à fait d’accord avec vous.Et l ‘ éthanol ,le E85 ,frugal en emission de Co2 puisque composé à 85% d ‘alcool issus de végétaux et qui rejettet la quantité de Co2 absorbée par les végétaux entrant dans sa composition pendant leur croissance et qui sera absorbé par les végétaux en croissance qui serviront à la fabrication du E85 suivant .La création d ‘un cercle vertueux et somme toute plus vertueux que le 100% Pétrole et le 100% électrique qui est une véritable escroquerie écologique quand on sait les effets secondaires causés par les extractions de minerais destinés à la fabrication des batteries et au nombre de centrales thermique , gaz ,charbon,fuel, qu il va falloir remettre en route afin de faire face à la demande en électricité nécessaire pour les voitures électriques.A mon humble avis ,pour un avenir immédiat, le futur est dans des autos Hybrides ( rechargeable éventuellement ) équipées d ‘un moteur fonctionnant à l ‘Ethanol ,le E85.Et tout ce que les constructeurs disent de l ‘ éthanol est FAUX ! J’ai à ce jour parcouru depuis ans 140 000 Km à 100% de Super Ethanol avec un SUV agé de 20 ans cette année et totalisant 240 000 Km ,sans reprogrammation et totalement « Stock  » Prix moyen en province 0.55 à 0.72 € le litre ! Qui se moque de nous aujourd’hui, les caisses de l’Etat sont vide et sur 1 litre de gazole il y a 1 € de taxes………..!

  6. Moi je dis tant mieux. Et c’est aux constructeurs de trouver des solutions !
    Sans un monde viable, notre simple existence n’a même plus aucun intérêt. Vous emménerais pas vos zing en enfer !

  7. que du loby !vive les grandes fortunes et.. la chine productrice de batterie etc=transport maritime!=co2,recyvlages.
    Freins et peneux ne sont pas repris dans la pollution des très lourdes électriques

  8. Bonjour à tous,
    Des étouffoirs ???
    Non, seulement pour les constructeurs qui manquent d’idées et d’esprit d’invention.
    Certes le moteur thermique est en train de mourir. Certains le regrettent tellement qu’ils vouent les normes au gémonies mais c’est regarder l’avenir par le petit bout de la lorgnette.
    J’ai bientôt 70 ans et je suis fan d’anciennes mais ce n’est pas pour autant que je veux absolument conserver des moteurs thermiques sur les autos modernes dont le rendement culmine à un pauvre 30% !
    Vive l’avenir et bienvenue à l’innovation dont les constructeurs seront bien obligés de faire preuve.

  9. Avec l’electrisation on cherche à résoudre un problème en créant un ou des autres!
    Le moment est venu de trouver des ministres compétents….
    Ce souhait ne sera jamais exaucé !

  10. Le principal problème de pollution, c’est l’humain, 1 milliard il y a 150 ans, près de 8 aujourd’hui.

    Les ressources ne suffisent plus, et ce problème de démographie irraisonné n’est jamais pris en compte.

    La nature à un moment reprendra les commandes, et ça risque de faire mal.

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