Ces derniers mois, un nombre croissant de modèles ont plus ou moins discrètement quitté les catalogues des grandes marques. Ainsi, il n’est plus possible de commander une Peugeot 308 GTi, une Porsche ou une hybride rechargeable Volkswagen jusqu’à nouvel ordre. Une situation plutôt ubuesque due au fait que les futures normes antipollution sont un véritable casse-tête pour les constructeurs…
C’est un drôle de message qui s’affiche lorsque l’on arrive sur le configurateur du site Porsche, quelque soit le modèle choisi : « En raison d’une révision des modèles à venir, le modèle que vous avez sélectionné n’est temporairement pas disponible comme véhicule neuf configurable. » En clair, si vous voulez commander une 911 jaune canari ou un Cayenne rouge pétard, il faudra vous armer de patience… ou vous rabattre sur une configuration plus standard, déjà disponible sur stock.
Et c’est pareil chez la plupart des constructeurs. Chez les sportives, Peugeot a provisoirement retiré du catalogue sa 308 GTi, Audi a mis son SQ5 entre parenthèses, tandis que la BMW M4 reviendra à la rentrée, pourvue d’un filtre à particules. La M3, elle, a carrément été poussée prématurément à la retraite, sa remplaçante étant prévue pour 2020.
C’est aussi la Bérézina chez les hybrides : les Audi A3 e-tron et Q7 e-tron, les Volkswagen Golf GTE et Passat GTE, ainsi que le Mercedes GLC 350e, pour ne citer qu’eux, ne sont plus commandables pour l’instant. De son côté, Lexus a carrément jeté l’éponge et la grande berline GS ne reviendra pas sous sa forme actuelle ! Enfin, bon nombre de modèles diesels sont également plus ou moins officiellement suspendus, comme par exemple la VW Golf GTD.
Les raisons d’une telle débâcle ? Tous les constructeurs ne jouent pas la transparence. Certains avancent, notamment pour expliquer la mise à l’écart des modèles hybrides rechargeables, une demande qui serait trop forte, l’offre étant incapable de suivre. Mais les vraies raisons sont ailleurs : elles sont dues à la conjonction du passage au cycle d’homologation WLTP et de l’adoption de la nouvelle norme Euro6C, qui entre en vigueur pour tous les véhicules neufs le 1er septembre 2018.
Le cycle WLTP remplace l’ancien cycle NEDC depuis le 1er septembre 2017 pour les nouveaux modèles, et le remplacera à partir du 1er septembre 2018 pour tous les véhicules neufs, y compris ceux qui avaient été homologués bien avant. Or, avec son profil plus exigeant (vitesse moyenne plus élevée, accélérations plus franches, durée plus longue), le WLTP entraîne une hausse de toutes les émissions : CO2, NOx, particules…
Chez les essence, la norme Euro6C met un terme au traitement de faveur dont disposaient les moteurs à allumage commandé par rapport aux diesels : ils pouvaient en effet rejeter davantage de particules fines ! Désormais, ce sera au maximum 4,5 mg rejetés par kilomètre, et pas plus de 600 milliards de particules au kilomètre. Un chiffre qui peut paraître énorme, mais qui a été divisé par dix par rapport aux précédentes normes ! Voilà qui explique le retrait de bon nombre de modèles aux moteurs un peu poussés, qui devront subir la greffe d’un filtre à particules essence (GPF) pour pouvoir complaire aux nouveaux seuils d’homologation.
Chez les diesel, c’est surtout la généralisation du cycle RDE, c’est à dire la mesure des émissions polluantes en conditions réelles, qui oblige les motoristes à retourner à la table à dessin. La parade : remplacer les pièges à NOx (oxydes d’azote), qui ne se révèlent vraiment efficaces que sur banc, par des systèmes à réduction catalytique sélective (SCR), avec addition d’AdBlue. Avec ce type de dispositif, les moteurs parviennent à rester dans les clous du facteur de conformité de 2,1, c’est à dire qu’ils émettent au maximum 2,1 fois plus de NOx sur route ouverte qu’en laboratoire. Certains parviennent même déjà à respecter le facteur de conformité de 1,5 qui n’entrera en vigueur qu’avec la norme Euro6D, en 2020 !
Enfin, le cas des hybrides rechargeables est un peu particulier. Sur ces modèles, les incitations fiscales sont primordiales pour compenser un prix d’achat plutôt élevé, or elles sont directement liées aux émissions de CO2 normalisées. Le passage au cycle WLTP entraînant une nette augmentation de ces dernières, les constructeurs travaillent donc d’arrache-pied afin d’optimiser leurs moteurs pour tenter de retrouver des niveaux de CO2 équivalents à ceux obtenus avec l’ancien cycle. Un joli casse-tête ! À noter que les hybrides rechargeables Volvo font figure d’exception, puisqu’ils sont d’ores et déjà conformes à la nouvelle norme.
En attendant, cette phase transitoire très compliquée pour les constructeurs peut vous permettre de réaliser quelques bonnes affaires ! En effet, les marques n’ont pas hésité à stocker un maximum de véhicules afin de satisfaire la demande pendant la période de ré-homologation. Du coup, si vous n’êtes pas trop exigeant sur la configuration précise de votre modèle, vous pourrez sans doute négocier de belles remises… même sur des modèles sportifs emblématiques !